Je fête ce mois-ci mon premier anniversaire comme abonné privilégié au système de surveillance de l’OQLF.
L’OQLF ou l’Office Québécois de la Langue Française pour ceux qui ont la chance de ne pas savoir c’est quoi, ou contrairement à moi, de ne pas avoir à faire à eux.
Ce système est composé de fonctionnaires ayant trop de temps libre qui cherchent, fouillent et grattent pour trouver la moindre infraction à notre sacro-sainte Charte Québécoise de la Langue Française.
Tsé les chartes comme on entend parler depuis un moment. Ce n’est pas parce que le nom sonne bien que c’est rempli de gros bon sens.
En fait, d’un point de vue historique, cette charte faisait du sens. Dans les années 70, cette charte a contribué à améliorer le français au Québec. Mais comme l’enfer est pavé de bonnes intentions, le kossin qui faisait du sens il y a 40 ans en fait moins aujourd’hui.
Vous avez entendu parlé du pastagate, du facebookgate? Les histoires d’inspecteurs zélés de l’OQLF sont courantes.
Watch out s’il vous pogne avec un piton « on/off ».
Mais toi Steph, ils te veulent quoi?
Bonne question mon pote!
- Je n’ai pas de commerce ayant pignon sur rue, donc je ne fais aucun affichage commercial en anglais sur la rue Ste-Catherine.
- Je sers mes clients parlant français en français, de France surtout.
- Je n’ai pas 50 employés pour être visés par la Loi de la langue au travail.
Ha mais rien n’échappe au fonctionnaire qui veut te pogner!
En effet, mon site DashThis a le malheur d’avoir eu une version unilingue anglophone dès le début.
Ayayaye, le crime!
Et ça mon pote, ça contrevient à l’article 52 de la charte : Toutes les publicités commerciales doivent avoir leur équivalent en français. Et une page Web, c’est une publicité commerciale.
Point.
Bon, on va raisonner avec le fonctionnaire, me dis-je.
- On est une micro entreprise avec des moyens et ressources limités, pas une chaîne de magasins américaine aussi nantie que de mauvaise foi.
- Nos clients et notre marché sont hors Québec. Tout se passe en anglais.
- Tout est en ligne. Rien de visible pour le badaud qui passe dans la rue. Ses yeux ne saigneront pas. Juré!
- Offrir notre produit dans toutes les langues européennes est dans nos plans parce que c’est à notre avantage.
- Mais à ce stade-ci, adapter l’outil et maintenir plus d’une langue n’est pas rentable. Ça coûte cher, ça doit être maintenu fréquemment et si c’est mal fait, ça nous cause plus de tort qu’autre chose.
- Si être en français ferait tripler nos ventes, on n’aurait pas besoin d’un fonctionnaire pour nous le signifier, ça serait fait depuis longtemps.
Alors monsieur le fonctionnaire, êtes-vous sensible à notre situation? Non. Monsieur le fonctionnaire s’en sacre pas mal. Je lui fais perdre un temps précieux à sa game de démineur. Sur sa grille d’évaluation, ça dit que je ne respecte pas la loi.
C’est ça qui est ça.
Je pose la question : Mettons qu’on fait tout en français, mais que mon entreprise ferme, est-ce que le Québec est plus avancé?
Je suis de ceux qui sont fiers de parler français, mais je suis aussi de ceux qui croient que le bilinguisme est essentiel. Faut pas faire l’autruche, les affaires hors Québec c’est en anglais. Avec les chinois. Avec les indiens. Avec les suédois.
Tiens, parlant de suédois: Les Suédois n’ont pas cette stupide charte et ont un très haut taux de bilinguisme soit dit en passant. Pourtant, avec une population équivalente au Québec, ils ne craignent pas de perdre leur langue?
Je suis aussi de ceux qui croient qu’emmerder une entreprise en démarrage n’est pas la bonne façon de faire avancer le Québec. Nous ne sommes pas Starbucks ou McDonalds, mais une shop de 5 employés!
Comment éviter que l’OQLF nous achale?
Heureusement, une entreprise virtuelle n’est pas, par définition, liée à un lieu physique. On peut « déménager » ça n’importe où.
Tu veux créer ta compagnie en ligne? Je te suggère fortement une charte d’incorporation canadienne avec une adresse à Ottawa ou bien au Nouveau-Brunswick avec un service de transfert du courrier. Tu seras alors hors juridiction de l’OQLF. Simple de même.
Bref, l’OQLF et la charte de la langue française, dis-toi que ce n’est pas Urban Outfitters que ça emmerde, mais l’entrepreneur Québécois pur-laine qui essaie de créer des emplois ici.