Le temps passe vite quand on ne s’ennuie pas. Ça fait déjà un an que mon pote Tony et moi avons vendu DashThis à Saas.group dans une transaction life changing. 🎂
Tout d’abord, la transaction est officiellement complète avec le dernier paiement dû 12 mois plus tard maintenant empoché. J’étais anxieux de voir si j’allais voir la couleur de ce paiement puisque lorsque j’ai vendu il y a 20 ans le marché Internet s’était effondré, transformant mon deuxième paiement en fumée. 🚫
Je vais le redire, faire la transaction avec Saas.group a été un charme du début à la fin.
Pour le reste, comme j’ai eu plusieurs bonnes discussions au sujet de M&A avec des entrepreneurs dans les derniers mois et que à chaque fois la fameuse question arrivait, je me suis dis que ça valait la peine d’en faire un blog post.
La question? « Pis, comment va la retraite? »
En fait, mon pote Martin, qui a aussi vendu il y a quelques années, m’a mis un petit doute à l’esprit. Il me disait « c’est cool, mais après 8 mois on commence à trouver le temps long ».
J’avais hâte de voir où j’en serais à 8 mois. Puis 10. Puis 12.
Disons que je vais résumer ça ainsi:
Ceux qui n’ont pas fait un exit mais qui y songent ont hâte que ça arrive. C’était mon cas, la shop valait plus que ce que j’avais de besoin et j’étais mûr pour passer à une autre étape. Même si j’avais déjà vendu une entreprise pour un bon magot, là on était à un autre niveau. 🔝
Ceux qui ont fait un exit et qui sont encore relativement jeunes ne restent pas à la retraite longtemps. On s’épanouit quand même beaucoup par un travail passionnant et de collaborer avec des gens extraordinaires.
Mais aussi, la réalité est que la bonne partie de notre réseau social n’est pas disponible pour aller jouer au golf chaque matin de la semaine. Ou faire du vélo de montagne avec les potes dans mon cas. Ou partir en voyage plusieurs fois par année alors que les enfants sont encore aux études. 🚴♂️⛳
Même ma femme a décidé de continuer de travailler pour le moment puisqu’elle aime bien son emploi, bien qu’elle soit maintenant rendu à 4 jours par semaine.
En fait, le « après » est une bonne inquiétude pour beaucoup d’entrepreneurs. Le vide, la peur de l’ennui, le changement de routine, l’arrêt soudain du quotidien bien rempli. 😵💫
Perso, je ne m’inquiétais pas vraiment du « après » parce que tout mon focus était sur compléter la transaction. À quoi bon s’inquiéter du « après » si on ne close pas le deal? 🤷♂️
Puis comme j’avais déjà bien mûrit ma décision et discuté amplement de la question avec mon associé, c’était une transition toute naturelle.
Je me suis rappelé la dernière fois que je suis sorti de l’université. J’ai regardé la porte derrière moi, il faisait beau au mois de mai, et je me suis dit « wow, c’est fait, c’est fini, quelle aventure! ». Mais après on continue le chemin.
Mais quand même, mon « après » a été une bonne période d’adaptation. Pas excessivement différent de mes dernières années parce que j’avais déjà levé le pied de l’accélérateur et mon pote Tony gérait la shop comme un maître. 🧙♂️
C’est plus la routine qui change. Ça prend quelques semaines pour réaliser qu’on n’est plus obligé de travailler, pour apprivoiser le nouveau rythme de vie.
Les journées sont remplies selon l’humeur du moment. L’agenda est vide, sauf pour le rendez-vous chez le coiffeur. Il n’y a pas de projets professionnels, d’engagements ni de compte à rendre à personne. 🚷
D’ailleurs, j’ai ressenti cette aversion contre les engagements. À chaque fois que quelqu’un me proposait quelque chose qui me demandait de m’engager, c’était non. Je ne veux pas d’engagement. Après des années à être « all in », 130% focus sans plan B, ça fait du bien d’être au neutre.
Mon gros projet des derniers mois a été la planification de notre voyage en famille au Japon. J’en ai mis des heures là dedans! Trop peut-être, mais j’avais du fun. Et ça n’a pas nui pour éviter des surprises sur place. 🏯🍣🇯🇵
Côté professionnel, je gribouille quelques idées, dont une qui avance plutôt bien. J’ai encore l’ambition de lancer un nouveau projet, mais tout en jonglant avec les contraintes que je m’impose.
Je me sens comme un ancien joueur de football qui est nostalgique de ses bonnes années et qui croit qu’il pourrait revenir au top de sa forme, mais sans y mettre toute l’intensité, la motivation, la volonté et les efforts qu’il a mis pour y arriver une première fois. Peut-être que l’expérience peut compenser?
C’est un peu le paradoxe de la liberté. Être archi focus et top performance pour devenir libre, mais une fois libre, s’ennuyer d’être archi focus et top performance.
Disons que je me vois maintenant plus comme le coach de l’équipe que l’homme orchestre qui fait tout, tout seul comme à chaque fois que j’ai parti un projet.
J’ai encore cet appétit pour créer. Même si je n’ai peut-être pas aussi faim qu’il y a 20 ans, je ne me sens pas comblé à 100%. J’ai des idées, mais je trippe surtout sur l’exécution, passer de l’idée à la réalité. Mais surtout, je pense que je peux faire beaucoup mieux dans la création d’une shop lifestyle avec une p’tite équipe commando qui fait des miracles en terme de créativité. Que ce soit la gang de Missive qui nous regarde en se disant « Merde, comment ils font ça? » plutôt que l’inverse! 😂
J’avoue également m’ennuyer des aspects créatifs de gérer une business. Les problèmes font partie de l’aventure et j’adore comment on peut jouer d’originalité pour les régler.
Je pense à comment j’ai réussi à sortir mon ancien associé avec qui j’avais une relation très toxique. Même mon avocat doutait et me trouvait cowboy avec mon plan. « Check moi bien aller » que je lui ai dit. C’était un bon risque, mais j’ai bien joué mes cartes et j’ai pogné le jackpot.
En bout de ligne, mon aventure de 25 ans comme entrepreneur peut se résumer par cette citation de je-ne-sais-pas-qui:
« Faire ce que personne ne veut faire pour vivre la vie que tout le monde veut vivre. »
Pour la suite, ma planche à dessin ressemble à un beau casse-tête avec des idées éparpillées. La nécessité de réussir a été remplacée par l’envie de perfectionner mon art, de créer de quoi à partir de rien, de faire mieux, de corriger certaines des nombreuses erreurs que j’ai fait.
L’argent c’est l’fun, mais ce n’est pas ça qui est satisfaisant. C’est surtout un outil pour faire plus et mieux. Puis ça enlève beaucoup de soucis. Pas pour rien que beaucoup d’entrepreneurs continuent à créer et bâtir même s’ils ont plus d’argent qu’ils ne pourront jamais en dépenser. 💰
J’aimerais bien revendre une entreprise créée de zéro. Une troisième, pourquoi pas? Juste pour me prouver que je suis « bon » là dedans, que ce n’est pas seulement de la chance.
Pour moi c’est ça la réussite en business. Trouver une solution à un problème dont le monde est prêt à payer pour l’obtenir, idéalement au début d’une tendance, obtenir la confiance des clients et des employés, bâtir morceau par morceau un truc dont personne ne voit d’intérêt initialement, générer assez de valeur pour que quelqu’un soit prêt à racheter éventuellement. Et voir le projet continuer à prospérer même après notre départ.
Zéro à un. De rien à quelque chose. Faire des micropuces ou des fenêtres à partir du sable. Le premier pas d’une longue aventure dans l’inconnu avec une boussole qu’on est pas certain qu’elle fonctionne. Passer d’une idée à 1000 clients heureux. Tu vois le genre. Moi, ça m’allume. 😎
À mon âge, je suis bon pour encore au moins une shop. À suivre!
P.S. Sur le même sujet, va lire le post LinkedIn de Ben Chestnut le fondateur de MailChimp qui annonce que c’est terminé pour de bon.