Signer ou ne pas signer la pétition

Toute personne moindrement au fait de l’actualité a entendu parlé de la fameuse pétition demandant la démission du Premier Ministre. Plusieurs l’ont signé. Plus de 175 000 personnes au moment d’écrire ce billet. Et ça engendre de bons papiers comme celui-ci par exemple.

Alors, on signe ou pas?

Ce qui est bien avec notre système démocratique, c’est qu’on a le droit de se plaindre. On peut signer des pétitions autant que l’on veut sans risque de se ramasser en prison comme ailleurs sur la planète. Il faut le reconnaitre, ça vaut cher.

Par contre, avec ce droit, vient aussi l’obligation de se faire entendre quand c’est le temps. Or, aux dernières élections, un maigre petit 57% de la population a cru bon de se déplacer pour aller voter.

Alors, on signe ou pas?

Comme société, on a donc ce qu’on mérite. Ceux qui n’ont pas voté ne devraient pas avoir le droit de se plaindre sur cette question. Ceux qui ont voté pour le parti au pouvoir peuvent se plaindre, mais devraient s’excuser d’être responsables de ce qui arrive. Et les autres, ceux qui ont voté, mais pour un autre parti, peuvent se plaindre, mais ont le devoir de proposer mieux.

Alors, on signe ou pas?

Une pétition électronique, c’est facile. Comme le bouton « like » de Facebook. Est-ce qu’il y aurait une telle ampleur s’il fallait regrouper des bénévoles, faire du porte-à-porte, signer avec un crayon et compiler le tout? J’en doute. Mais la facilité n’en diminue pas moins la valeur. Surtout que les autres pétitions n’ont récolté qu’une fraction des signatures de celle-ci.

Alors, on signe ou pas?

Perso, je me questionne sur la pertinence de tout ça. Je lis à gauche et à droite des commentaires plein d’intelligence comme « tasse toi gros cave », « décrisse le premier minus », etc, etc. Si c’est ce genre de personne qui vote aux élections, pas surprenant ce qui arrive. Rare sont ceux qui s’intéressent en profondeur à la politique et aux enjeux de société. Les politiciens le savent. Alors on joue sur les phrases choc. 4-5 mots pour que tout le monde retienne. Au diable le reste.

Amusons-nous un peu : Demandez à votre entourage qui a pris la peine de consulter et comprendre les programmes des différents partis politique aux dernières élections.

Alors, on signe ou pas?

La pétition est l’idée de deux personnes jusqu’ici plutôt inconnues et endossée par le député de Québec Solidaire. Si on peut penser à un mouvement citoyen d’une part, est-ce que ça peut équivaloir à endosser Québec Solidaire? Parce que si je ne suis pas Libéral, je suis encore moins du côté de Québec Solidaire. Une bande de dangereux ceux là.

Alors, on signe ou pas?

Je suis d’accord avec le point sur la commission d’enquête publique sur les liens étroits entre le financement des partis politiques et l’octroi des contrats gouvernementaux ainsi que sur le moratoire pour le gaz de schiste. Mais pas sur le dernier point. Les Libéraux ont reçu une confiance majoritaire de la population et ils gouvernent comme bon leur semble. C’est comme ça que la game se joue. De plus, je ne pense pas que la démission du PM changera quelque chose à court terme. Je préfererais des élections.

Alors, on signe ou pas?

Ma première idée était de me tenir loin de ce genre de mouvement populaire qui ressemble plus à un lynchage public. Le genre de mouvement qu’on rejoint parce qu’il y a du monde dedans sans trop savoir pourquoi. Cependant, j’ai décidé d’y participer pour une seule et unique raison : Voir, comme citoyen intéressé à la politique qui n’a pas voté pour ce qui arrive, si ce genre de moyen peut peser dans la balance. Si oui alors je pense que tout ceci peut être un exercice réellement intéressant pour le futur de notre démocratie.

Bref, je me fous pas mal de la démission du Premier Ministre. Rares sont les équipes de hockey ayant congédié le coach en milieu de saison qui gagnent la coupe Stanley. Mais j’aimerais que mon désaccord face à la gouvernance actuelle soit entendu et que ça redonne un rapport de force aux citoyens. Si ça arrive, et bien ça aurai servi à quelque chose. Sinon, le meilleur moyen sera toujours de se faire entendre aux prochaines élections en allant voter.