Quand ta fille de 7 ans veut une carte de crédit pour acheter sur Amazon

dilbert-visionary

  • Papa, pour ma fête j’aimerais avoir une carte de crédit
  • Heuuu…. Quoi? Pourquoi?
  • Parce que je veux acheter sur Amazon

Whaaaat? Ma fille a 7 ans et elle veut une carte de crédit pour magasiner ses kossins sur Amazon.

Ça m’a sidéré.

Et hier encore, je reçois une boîte d’Amazon. Ma fille de me dire « Ha chanceux, t’as encore acheté sur Amazon ».

Heille poulette, moi à ton âge je regardais le Distribution aux Consommateurs et j’avais une tirelire avec pas grand-chose dedans.

Même défi. Médium et techniques différents.

Du coup, ça m’a frappé comme une pelle en acier en pleine face : Amazon est plus qu’une plateforme de commerce en ligne. C’est une façon de faire. Au même titre que chercher sur Google.

Ma fille, ni aucun de mes enfants d’ailleurs, n’a conscience de l’histoire du commerce. Steinberg, Distribution aux Consommateurs, Eaton, elle n’a aucune idée c’est quoi.

Par contre, elle connaît Amazon.

Et elle reconnaît les boîtes quand il y en a une qui entre chez nous.

Elle sait où aller sur le iPad. Elle sait quoi écrire pour trouver ses bidules. Genre « étui ipod Hello Kitty ». Elle sait regarder les prix, faire sa liste de Noël en fonction de ça.

Elle sait aussi comment se rendre au checkout.

Il ne lui manque que ce fameux bidule : Une carte de crédit!

Moi je suis là-dedans à longueur de journée. Mais pour l’ensemble des gens de ma génération (putain, ça sonne vieux ça), Amazon n’est pas le réflexe primaire du commerce.

Pour ma fille oui. Tu veux acheter de quoi, c’est sur le iPad avec la carte de plastique qui donne de l’argent gratuit.

Comme informaticien je n’ai pas eu à me soucier de comment ça marche un ordinateur. Je prenais pour acquis que ça marche et que je construis par-dessus.

Pour ma fille, c’est la même chose avec le commerce. Les notions d’inventaire, de disponibilité, de frontières, de distance, ce n’est que des trucs abstraits de l’ancien temps. Même le concept de centre d’achats n’est pas d’intérêt pour mes enfants.

Et c’est sans parler qu’elle fait déjà des « texto » à ses amies. Même une qui reste à Val d’Or. Elles gardent contact comme des amis de 22 ans qui ont décidé de fréquenter une université différente. Mais à 7 ans.

Je dis souvent que j’ai grandi avec un ordinateur et baigné dans Internet très jeune ce qui a influencé comment je vois le monde. Pour mes enfants, je réalise que leur vision du monde sera connectée et accessible. A un niveau plus avancé que le mien!

Trivial direz-vous? Bien sûr les mômes ont tous leurs gadgets électroniques, y’a rien de nouveau là-dedans. C’est le big picture qui m’intéresse, comment la conception du monde vu des yeux de ma fille va modeler l’économie du future.

En d’autres mots, si je veux continuer d’être un visionnaire, je ferais mieux d’observer ma fille plus attentivement. Parce que moi, j’ai connu Steinberg. Et ça, ça nuit à imaginer un monde autrement.