Des fois je trouve que le monde se casse le cul avec des détails. Ou encule des mouches comme aime dire le pote Phil.
Ça doit être la sagesse de mes 40 ans, mais quand je regarde avec du recul pourquoi je suis rendu où je suis, c’est-à-dire dans une position pas pire confortable, je me dis que j’ai du prendre une couple de bonnes décisions.
Sans doute une tonne de mauvaises, mais avec des bonnes pour compenser. Comme on dit, va à gauche ou va à droite, mais décide.
Je n’ai pas beaucoup de grosses victoires. Mes gros coups se compte sur les doigts d’une main amputée.
Par contre, je suis un abonné au club des p’tites victoires. Les petits gains. Les quick wins. Des trucs qui semblent anodins ou insignifiants. Mais qui au fil du temps, ça donne un putain de gros tas de victoires.
Comme au football. Les meilleures équipes ne sont pas celles qui font des hail mary à chaque jeu ou des courses de 55 verges. Ce sont celles qui pilonnent l’ennemi à coup de jeux de 4-5 verges. Un premier essai. Un autre. Et un autre.
Et BOOM, touché. 7-0.
Des p’tits jeux bien éxécutés. La base, une course au centre, pas le jeu truqué qui fonctionne rarement. Pendant 60 minutes. Rien de spectaculaire. Mais ça donne une victoire au final.
Et c’est ça qui compte, non?
Si tu as une chance sur 3 de réussir un jeu de 5 verges ou une chance sur 20 de réussir un jeu de 20 verges, tu fais quoi?
Moi je prends les jeux de 5 verges.
Et si tu trompes, tu auras quand même peut-être avancé de 2-3-4 verges?
C’est comme les intérêts composés. Tu épargnes 20$ par semaine à partir de 16 ans. C’est à chier comme montant 20$, non? Aussi bien aller le flamber en booze avec les potes, non?
20 ans plus tard, il y pourra y avoir un ou l’autre de ces 2 résultats:
- Tu auras une fichue grosse collection de bouteilles de bière vides.
- Placé tranquillos à 5%, tu auras accumulé 35 700$, dont 14 900$ à rien faire.
Ce n’est pas grand chose, mais c’est déjà mieux qu’une collection de bouteilles vides.
Maintenant fais le calcul avec 1000$ ou 10 000$.
Fais aussi le calcul de ton temps gaspillé.
Remplace 2-3-4-5 hrs par semaine de temps passé sur Facebook, à regarder la tv ou à jouer à des jeux vidéo par 2-3-4-5 hrs par semaine à lire un livre, trouver un client de plus, tester une nouvelle stratégie. Fait ça pendant 20 ans et ça donne ce que ça donne.
Des petits progrès.
Mais en quantité industrielle pendant une longue période de temps.
Au bureau, ça rit souvent de moi et de mon fameux “met ça en ligne” pour décrire un projet, petit ou gros. Ça sonne insouciant et simpliste. « Laisse-nous faire Guérin, tu vas tout faire péter » ou « Quel con ce Guérin, c’est pas si simple! ».
Mais c’est terriblement efficace.
En “mettant ça en ligne”, on progresse.
Ce n’est pas parfait, mais si c’est assez bon, go!
On vient d’avancer beaucoup plus que si on reste autour de la table à débattre.
A trop débattre et à trop vouloir chercher la solution parfaite, on ne fait pas d’erreur, mais on livre rien et on ne progresse pas non plus.
On veut un jeu de 5 verges ou un jeu de 50 verges?
Met ça en ligne. Avance d’un pas. Teste, apprend, adapte, reteste. Progresse.
Ce n’est pas évident, j’en conviens. Faut être terriblement à l’aise avec l’erreur. En fait, faut être des professionnels de l’erreur. Pas être un jambon qui ne réfléchit pas, mais être quelqu’un de pragmatique, méthodique, qui itère et apprend rapidement.
Apprendre. Quel bon mot.
Perso, je suis trop nul pour défendre mon point de vue. Je suis trop nul car en réalité, je ne connais pas la vérité. Je le sais alors j’ai de la misère à bullshitter. J’ai un tas d’hypothèses basées sur un tas de trucs plus ou moins pertinents, mais ça s’arrête là.
Les experts sont les meilleurs pour se planter dans les prédictions.
Ou comme Twain le dit: Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.
Tsé!
Par contre, en étant un gros nul, j’essaie d’en prendre le moins possible pour acquis et je teste.
Mon idée est tu bonne?
Fouille moi. J’essaye pis on verra.
Si elle est bonne, tant mieux. Sinon, tant mieux aussi, on vient d’apprendre quelque chose qui ne fonctionne pas. On a progressé dans les deux cas.
Moi, je suis ultra à l’aise d’être un gros nul qui fait un tas d’erreurs. On dit aussi que pour réussir il faut être bon à se planter vite. Fail fast.
Si tu veux éteindre un entrepreneur, entoure-le d’un comité. Un chameau c’est un cheval décidé par un comité après tout.
Dans ma position d’entrepreneur / patron, glorifier l’erreur peut bien passer, mais pour le commun des employés, je conviens que se vendre comme expert à faire des erreurs peut sonner bizarre.
Pourtant, j’engagerais un expert en erreurs sur le champ. En autant qu’il me démontre qu’il n’est pas stupide, mais qu’il est méthodique et qu’il ne fait pas la même erreur deux fois!
Je ne connais pas vraiment d’entreprise avec une culture forte de l’erreur. Ça donne au final qu’on a peur de faire des erreurs alors on ralentit le progrès pour plus de coussin et de bubble wrap.
Le bubble wrap, j’haïs ça. Met ça en ligne pis progresse.