J’ai eu quelques bonnes discussions suite à mon dernier billet sur un changement à la direction de DashThis. Puis des questions autour du thème “Ha ouin, pourquoi t’as pas vendu pour partir autre chose?”
Pourquoi quitter?
Plutôt, pourquoi ne pas continuer?
En business, ça ne se passe pas toujours comme on veut, surtout quand on doit composer avec des associés, des investisseurs, des banquiers, des clients qui prennent trop de place et les 1001 autres problèmes qui arrivent. Des fois c’est tentant de regarder la porte de sortie.
Ça m’est arrivé au cours des dernières années de contempler des offres d’achat. J’ai eu des occasions de vendre à prix intéressant et de partir. Penses-y, c’est une occasion en or, non? Empocher. Repartir un projet à neuf. Faire le vide de problème.
Oui. Mais pas pour moi.
J’ai eu des gros moments de doute où la porte de sortie me faisait des beaux yeux. À quelques reprises, si j’avais pu, j’aurais démissionné. Mais comme propriétaire-associé, la réalité est plus complexe. Quitter vient avec des conséquences coûteuses quand ce n’est pas fait dans les règles. Sans parler que je ne veux pas avoir l’air du capitaine de bateau qui saute dans la première chaloupe de sauvetage quand ça brasse.
J’ai déjà eu à quitter, racheter ou vendre par le passé. Des fois dans des bonnes conditions, d’autres moins. Mais rien comme cette fois. L’enjeu, le futur, le risque, les conséquences, les implications personnelles et professionnelles sont dans une catégorie nettement supérieure.
Alors, on fait quoi quand les problèmes nous découragent?
Une solution pratico-pratique serait de vendre. On transfert ainsi le risque à quelqu’un d’autre et on récolte un bénéfice au passage. Ou à tout le moins, on minimise les pertes. Pif paf, on passe à autre chose. C’est la solution simple.
Une autre solution est le statut quo. C’est-à-dire ignorer l’éléphant dans la pièce. Ça peut faire semblant de fonctionner quelque temps, mais je ne connais pas d’histoire à succès avec une telle stratégie.
Entre les deux, il y a un paquet de solutions plus ou moins bonnes. Avec un peu d’imagination, on peut être créatif. Mais bien que ces solutions ont l’avantage de “régler” la situation en apparence, souvent ça ne règle pas le problème de fond. Il refera surface tôt ou tard.
Il y a la solution drastique: fermer la shop. On liquide pis ça s’arrête là. C’est extrême et il n’y a que des perdants. Mais si c’est ça que ça prend, so be it.
Une solution plus sensée, c’est de reprendre le contrôle. C’est ce que j’ai fait. Pourtant, il y a quelques mois seulement c’était impensable d’envisager une telle option. Je ne prendrai pas un tel risque me disais-je. C’est long, compliqué, incertain, contraignant, coûteux en argent, temps et énergie. Ça pèse lourd sur le mental. C’est très inconfortable. C’est clairement l’option qui demande le plus de courage.
Non. No way. Niet.
Puis deux réflexions se sont produites dans ma p’tite tête.
- J’ai essayé toutes sortes de solutions qui n’ont pas fonctionné, sauf celle qui me fait le plus peur. Et si je la considerais? Sinon c’est quoi les options? Attendre et espérer? Ce n’est pas une stratégie ça…
- Oui, j’ai peur du risque et des conséquences, mais est-ce justifié? Comment atténuer ce risque? Et au lieu de seulement voir les inconvénients, c’est quoi les avantages?
Puis de fil en aiguille, je me suis rendu compte que l’option de reprendre le contrôle était de loin la meilleure solution. Pas de quitter, mais de prendre les moyens pour continuer. À partir de là, je n’avais qu’un seul objectif: Que ça fonctionne. Je me suis préparé en conséquence sans ménagement.
Pour le point 1), un moment donné il faut faire ce qu’il faut pour régler un problème. Be a man and fix this comme on dit. Ça prend un plan et un engagement ferme à aller jusqu’au bout, peu importe les difficultés.
Pour le point 2), je me suis entouré de conseillers en or. Comptables, fiscalistes, avocats, conseillers à la banque et autres organisations, avec une poignée d’entrepreneurs qui sont d’une bonne écoute. Tout ce beau monde a été d’une aide précieuse.
Dans un premier temps, ces professionnels sont indépendants et non investis émotionnellement. Ils nous aident à y voir clair. Et la première chose qu’ils me font prendre conscience est la valeur de ce que j’ai entre les mains. DashThis est un bijou et son potentiel commence tout juste à se développer.
Ensuite, c’est quoi le worst case? Que la shop ferme? À ce niveau, sachant que ça fait 10 ans que ça va bien, que c’est en croissance, qu’on a une santé financière A1, pourquoi ça fermerait subitement? Un cataclysme comme la météorite qui a fait disparaître les dinosaures? Si c’est ça, j’aurai de plus gros problèmes à gérer. Fak, les chances que le scénario catastrophe se produise sont minces selon les connaissances du moment.
Mais honnêtement, la peur de se tromper est une sacrée bitch. C’est tellement plus angoissant que l’option facile de vendre. Heureusement, j’ai la conviction que j’ai beaucoup plus à gagner qu’à perdre. Je me trompe, ça ne sera pas dramatique. J’ai raison, c’est le meilleur coup de ma carrière. Qui vivra verra!
Puis à l’inverse, si au lieu de continuer, je quittais, je ferais quoi ensuite? Et bien je repartirais une nouvelle compagnie… Fort possiblement en techno. Sur Internet. Parce que c’est mon domaine. Parce que c’est ça que je fais depuis 1996.
Donc en résumé, quitter une compagnie en santé, que j’aime, en croissance, qui fonctionne très bien, qui a un superbe avenir devant elle… pour repartir une nouvelle compagnie basée sur 100% de flou et d’incertitude? 🤔
Penses-y, qu’est-ce qui est le plus risqué finalement? Continuer est le choix no-brainer.
Aussi, un aspect important à considérer est que le gros de la croissance d’une entreprise survient après 10 ans. Comme la magie des intérêts composés. Et qu’est-ce que DashThis va fêter en mai? Ben oui, tu l’as deviné: Son 10e anniversaire! 🎉
Si je mets mon chapeau de diplômé au MBA, ma recommandation financière style Wall Street serait “sell” ou “hold”? Un “hold” sans hésitation. Le pic de notre potentiel est encore loin à mon avis. On verra dans 3-5-10 ans si j’ai eu raison. En tout cas, 2021 commence avec des chiffres au dessus des prévisions… 💥⚡🔥📈🤘
Puis le point le plus important est que j’adore DashThis. J’ai créé cette compagnie de mes mains et je l’ai modelée à ma façon. Ce n’est pas parfait, rien ne l’est. J’ai fait plein d’erreurs qui me laissent de bonnes cicatrices. Mais je vois mal comment je pourrais être plus heureux ailleurs. J’ai un associé avec qui ça fonctionne à merveille. J’ai une équipe compétente, motivée, qui m’impressionne chaque fois que je leur parle. J’ai des projets pour le futur que je veux réaliser. J’ai la liberté que j’ai toujours voulu. Tous les aspects psychologiques de base sont comblés: sécurité, stabilité, appartenance, bonheur, épanouissement, être à la bonne place… J’y vais donc all-in, pas de filet, pas de plan B. 🥰😊
En d’autres mots, si j’avais eu à quitter j’aurais été déçu. Quand on dit que l’argent ne fait pas le bonheur, ça aurait été mon cas. Je suis réellement fier de comment j’ai repris la situation en main. Oui j’avais peur. Mais j’avais peur de perdre ce qui me rend heureux. Le risque? Y’a rien qui ne se gère pas.
Maintenant que le beau ciel bleu ensoleillé est revenu, je peux continuer de construire et développer. Je suis déjà en action d’ailleurs. Je suis activement sur 3 projets: augmenter le rayonnement international, lancer un nouveau produit et continuer la R&D pour un second produit en AI.
Watch out. Steph est dans shop pour encore longtemps! 🔥💥😎
PS.: J’ai tu dit qu’on recrute? RH, développement logiciel, soutien technique, marketing… Si tu penses que tu fit dans une gang comme DashThis, check ça ou écris-nous à jobs@dashthis.com.