– It feels lonely at the top
Une phrase classique que chaque dirigeant connaît, peu importe la taille de son entreprise. En haut de la pyramide, tout dépend de lui. Et s’il veut du support et de l’écoute, et bien il doit chercher ailleurs.
Je suis en train de lire le livre de Rand Fishkin, Lost and Founder, et c’est vraiment excellent. Un livre transparent et sans bullshit comme j’aime.
Ça m’a frappé après seulement quelques pages: Je veux être le pote de ce gars là! Il a tout l’air de celui avec qui on veut discuter des hauts et des bas de la vie d’entrepreneur techno!
En effet, les personnes qui comprennent exactement nos vies ne sont pas légion. Crois moi, ouvre le hood d’un entrepreneur et tu verras plus de doutes et d’insécurité qu’il n’y paraît.
J’ai une vie sociale satisfaisante, un bon réseau social comme la gang du club de patin de vitesse où mes trois enfants pratiquent ce sport. De très bons amis que je suis toujours content de voir. Ma famille proche et moins proche est assez unie et géographiquement accessible ce qui aide énormément aussi.
Mais professionnellement?
Hmmmm…. Les occasions d’échanger, de ventiler, de challenger des idées propres à ma situation sont peu nombreuses. Principalement parce qu’il n’y en a pas beaucoup qui peuvent véritablement comprendre les aléas de la vie d’un entrepreneur.
Famille, amis et connaissances sont gentils d’écouter et de conseiller du mieux qu’ils peuvent, mais il manque toujours un petit quelque chose, le fait d’avoir vécu la même chose, d’être passé par là.
Comme essayer de raconter son premier saut en parachute à quelqu’un qui ne ferait jamais ça. Ou un vétéran de la guerre qui parle à quelqu’un qui n’a jamais été au combat.
Je connais de très bons entrepreneurs que je respecte beaucoup à qui j’aime demander des conseils. Mais pour plusieurs, ils sont indépendants de fortune et pas trop stressés par la vie. On a un certain décalage disons.
Ma femme est incroyable de m’écouter autant, mais elle ne saura jamais c’est quoi paniquer parce qu’on ne sait pas si on va être capable de faire la prochaine paye (ça m’est déjà arrivé!), avoir à mettre quelqu’un dehors, devoir choisir entre deux mauvaises options, gérer une chicane d’associés, courir après des paiements, recevoir une mise en demeure, une vérification du gouvernement, etc.
J’avais des personnes plus proches avec qui je pouvais parler qui comprenaient bien ma réalité, mais on a éventuellement pris des directions différentes.
J’ai quelques contacts que j’estime beaucoup avec qui j’aime aller dîner, mais il y a un « mais » dur à décrire. Comme un joueur de hockey qui parle à un joueur de rugby.
Je n’ai pas de co-fondateur dans mon entreprise actuelle. Ça m’a permis de faire les choses à ma façon, mais ça vient avec l’inconvénient de traverser les moments durs seul.
J’en connais qui ont le bon profil, mais qui sont physiquement éloignés. Plus difficile d’organiser un lunch à la bonne franquette.
D’autres qui sont soit trop petits ou soit trop gros. On n’a pas la même réalité ou nous ne sommes pas au même stade.
Ou encore ceux qui sont dans un domaine un peu trop différent. Un gars de construction et un gars de techno, ça va fonctionner jusqu’à un certain point.
Il y a bien sûr les groupes virtuels sur Facebook ou Linkedin, mais ça m’attire moins. Trop de monde varié à des stades différents. Et bien honnêtement, ceux que j’estime ne sont pas de grands consommateurs de ces plateformes. L’authencité est souvent douteuse.
Également il y a les groupes organisés d’entrepreneurs, mais rien qui m’accroche véritablement. Trop de « m’as-tu-vu » ou de fakepreneurs.
Mon avocat est d’une bonne écoute, mais il coûte un peu trop cher pour pour jouer au psy!
Je peux aussi utiliser mon blogue pour émettre mes réflexions et idées, mais la transparence sur un médium public a un coût plus important que l’on peut imaginer. À faire attention.
Et il y a ceux qui fit dans le moule à première vue, mais dont on reçoit des signaux contradictoires par la suite… et on se demande alors si on vient de se faire remplir de merde? Entre autre, j’en ai rencontré un qui se vantait de faire des millions pour fermer quelques semaines plus tard… Ou d’autres que c’est pour essayer de nous manipuler pour leurs fins. C’est juste full of shit!
Pas de confiance, pas de discussion c’est certain.
On a beau avoir l’air confiant et solide, les meilleurs échanges sont ceux où on enlève son armure et où on se montre vulnérable avec nos peurs et faiblesses. Tout le monde merde un jour ou l’autre et fait des erreurs stupides. Être complètement transparent sans filtre. Pas quelque chose qu’on fait avec n’importe qui. Se sentir trahi c’est encore pire que de se sentir seul.
Alors donc, ils sont où ces entrepreneurs avec qui échanger?
J’ai déjà fait plusieurs fois le tour de mon réseau et chaque fois c’est les mêmes noms avec qui je suis déjà en contact. Certains avec qui j’ai une bonne chimie, d’autres que ça connecte plus ou moins.
Je reçois de temps en temps des invitations à dîner d’inconnus. Quand on me demande mon aide, ça me fait plaisir. Si je sens que c’est pour me vendre quelque chose, je passe.
Des fois je me dis que je vais organiser un réseau international. Voyager et réseauter, pourquoi pas? Je me vois très bien faire un 5 à 7 à Lisbonne avec des sardines grillées et un p’tit verre de vino!
Bon, tout ça étant dit, je ne suis pas dépressif ou en boule dans un coin à sucer mon pouce. C’est juste que pouvoir parler ouvertement en toute transparence et honnêteté à quelqu’un d’empathique qui comprend ce qu’on vit, c’est un gros plus pour rester mentalement sain dans les aventures rocambolesques d’un entrepreneur.
Par ailleurs, je ne minimise pas les rencontres et discussions avec des personnes, entrepreneurs ou non, d’autre type et/ou calibre, au contraire. Ça permet de modifier notre pensée, d’élargir notre horizon, d’apprendre quelque chose de nouveau, avoir un point de vue externe ou tout simplement échanger avec du monde intéressant sur d’autres sujets. Je suis toujours partant pour de nouvelles rencontres ou des mises à jour. Surtout un dîner avec un cocktail!
Sinon il y a mon chien. Il ne parle pas beaucoup, mais il m’écoute sans se lasser quand on prend des marches. Bon pitou!
Ou le sport. Partir réfléchir pendant une ou deux heures en vélo ou en ski, ça fait du bien autant au physique qu’au mental. Mes long week-ends de vélo deux fois par année avec les potes, c’est essentiel.
It feels lonely at the top, y’a pas à dire!