Je pense que ma grande naïveté est un solide plus dans ma façon de voir l’entreprenariat. En effet, j’ai cette forte tendance à ne pas me soucier de ce qui pourrait arriver. Je dis « pourrait » parce que naïf ne veut pas dire imbécile.
Si je conduis mon auto dans un mur de béton, de sérieux problèmes VONT arriver. Mais si je conduis mon auto sur une route qui n’est pas sur Google Maps, des problèmes, tout comme des surprises, POURRAIENT arriver.
À l’opposé du spectre, ceux qui essaient de tout planifier et tout prévoir. Ça a évidemment du bon de savoir ce qui va se produire, mais ça peut aussi causer de l’immobilisme, des réunions inutiles et des comités superflus (on voit ça souvent dans les grands projets de nos jours).
Pire, a tout vouloir prévoir, on devient parano quand on ne contrôle pas toutes les variables. Les entreprises qui voulaient contrôler les messages sur les réseaux sociaux l’ont vite réalisé.
Je privilégie plutôt l’attitude décontracte « go with the flow ». Allons où les événements nous amènent. Puis l’expression « on traversera le pont lorsque nous serons rendus à la rivière » est de circonstance. En effet, pourquoi s’en faire avec la rivière quand on a encore 35 KM a marcher avant d’y arriver?
Dans le monde merveilleux des probabilités, si ça se peut que ça aille mal, ça se peut aussi que ça aille bien. Ça veut aussi dire que ton choix est aussi bon que le mien en l’absence de faits crédibles pour décider. C’est l’apprentissage par essais-erreurs en quelque sorte.
Alors tant qu’à ne pas le savoir, je préfère essayer et de voir plutôt que de ne pas bouger. Bien sûr, un fin finaud pourra toujours dire « Je te l’avais dis! » quand on se pète la gueule. On pourra toujours lui suggérer de se partir une boîte de Nostradamusologique s’il est si bon que ça à prédire le futur.
Bref, s’arranger avec les problèmes plus tard peut faire amateur, c’est vrai. Mais c’est mieux amateur que peureux. Si le pote Jacques Cartier avait eu peur de remonter le Fleuve Saint-Laurent d’un coup que son bateau reste pris sur une dune de sable, Québec aura été fondé en Gaspésie et on parlerait tous avec un accent gaspésien aujourd’hui.