Le web et les entreprises jetables

Je suis trop jeune pour faire des comparaisons, mais il me semble qu’avant l’ère Internet, se lancer en affaires, ou du moins créer et lancer un truc pour rapporter des bénéfices, était tout de même difficile.

Quelles entreprises étaient créées par exemple? Un restaurant, une boutique de linge, un éditeur de jeux, des sociétés issues de la recherche universitaire, etc. Tous des projets avec des barrières à l’entrée relativement élevées auquel un risque était plus grand. Si on se plante, on perd du fric et on met sa maison en jeu. Et ça, la madame n’aime pas ça!

Aujourd’hui avec Internet, n’importe qui peut se lancer en affaires avec un investissement ridicule. Et n’importe qui se lance en affaires! Moi le premier, j’ai lancé une bonne dizaine de projets qui m’ont coûté au total pas plus de 5000$.

Les profits vont en conséquence direz-vous? Peut-être, peut-être pas. J’ai fait du fric avec des projets et d’autres ont été une grosse perte de temps. Comme dans la vraie vie, je pense que si on a 10% de projets qui connaissent le succès, on est très bons (ou très chanceux). Le truc est de faire les projets voués à l’échec qui nous coûteront le moins cher!

Et c’est là qu’Internet est intéressant. On fait un projet, ça ne marche pas, on ferme et on recommence. Qu’a-t-on perdu? Quelques dollars. Un peu de temps. Rarement des mois! Pas d’inventaire, pas d’employés à virer, pas de structure lourde. On ferme et c’est comme si rien ne s’était passé. On jette et on tire un autre numéro des fois que ce serait le bon.

Et si ça le projet fonctionne? On est mort de rire. Ça nous a coûté des « pinottes » et l’argent rentre par camion. Même si seul 1% des projets deviennent profitable, le 99% restant n’a pas coûté cher pour découvrir celui qui serait profitable. Ce n’est pas pour rien que les investisseurs mettent de l’argent à gauche et à droite. D’ailleurs, des investisseurs saupoudrent des petits montants partout pour aider les petits entrepreneurs. Des fois que ce serait eux le prochain Google. Pour quelques milliers de dollars, on serait fou de ne pas essayer!

Je pense à mon pote Chris qui à une entreprise de vélos haut de gamme en titane. Bien que son projet soit bien monté et que ça fonctionne, il n’a pas le luxe d’arrêter quand il veut. Il a lancé le bateau et est pris dedans, condamné au succès s’il ne veut pas perdre gros. On parle de stock, de fond de roulement, etc.  Moi et mes projets web? Aucun stress. Si rien ne fonctionne, je ferme boutique, je me trouve un emploi peinard ou je recommence un autre truc. La vie est belle quoi!

Par contre, je doute que ce sera toujours aussi facile. Les projets web se complexifient. Ça devient plus difficile de tout faire tout seul. Comme dans le vrai monde, ça prendra bientôt de l’investissement substantiel et une équipe multidisciplinaire pour tout faire : Design, architecture, développement, marketing, etc. Sinon, comment une seule personne sans moyen pourra se démarquer de tout ce qui existe sur le web? Ça arrivera encore, mais sûrement moins souvent qu’en 1998. Alors aussi bien profiter de cette ère d’entreprises jetables pendant qu’elle passe!