La première étape d’un projet d’intelligence artificielle

Dans le monde de l’intelligence artificielle il y a 3 types d’individus. Le scientifique qui développe la machinerie qui “fait” l’intelligence artificielle. L’entrepreneur, comme moi, qui a son imagination et sa créativité stimulées par les nouvelles possibilités. Et il y a le gestionnaire qui répète les buzzwords, mais qui ne comprend rien à ce qu’il raconte.

Aucun doute, j’ai un grand respect pour les scientifiques qui rendent l’IA possible. C’est d’un degré académique d’une autre ligue. C’est la version astrophysique de la techno.

La bonne nouvelle pour les entrepreneurs, surtout ceux au profil techno comme moi, c’est qu’on a pas besoin de savoir comment ça marche pour l’utiliser. Comme le micro-ondes. Je peux cuisiner mon gruau du matin sans savoir comment lesdits micro-ondes fonctionnent. C’est une boite noire pour moi. J’ai juste besoin de savoir sur quels boutons peser pour avoir mon gruau prêt et bien chaud.

Pour le gestionnaire par contre, c’est moins pratico-pratique. Il voit le micro-ondes. Il voit les boutons. Il comprend que c’est dans la thématique « cuisine ». Il connaît très bien tous les programmes de formation et subvention pour utiliser un micro-ondes. Mieux, il adore dire à tout le monde qu’il a un micro-ondes. Il va probablement même acheter le nom de domaine “macompagnie.microondes” et imprimer des t-shirts. Mais côté imagination pour s’en servir concrètement, c’est un chevreuil qui fixe les deux lumières qui s’en viennent…

Mais bon, chacun son rôle…

Parenthèse, l’intelligence artificielle est pour moi un changement de perception des possibilités techno au même titre que le Web l’a été fin 90 début 2000. Rappelle toi à l’époque, les logiciels étaient sur des disquettes et CDs… Ceux qui imaginaient le monde à travers les lunettes Web étaient au mieux fantaisistes. Et pourtant.

C’est à un point tel que le développement Web comme tel ne m’intéresse plus vraiment. Ce n’est plus un avantage de savoir comment faire une application Internet. Au contraire, c’est une commodité. Tout le monde en fait. On peut simplement payer pour faire développer n’importe quoi. L’IA par contre… qui tu connais qui fait des vraies applications d’IA? Justement.

Bien honnêtement, je vois l’IA comme l’a été la transition vers le Web. Un océan d’opportunités pour ceux qui saisissent le concept. Un lent déclin pour les autres qui tarderont à embarquer dans le bateau…

Alors donc, l’intelligence artificielle, on fait quoi avec ça?

C’est la mauvaise question à se poser. Que trop de monde se pose d’ailleurs. Comme dire qu’il faut être sur Twitter parce que ça l’air que c’est cool. Ne soit pas le mouton qui suit le troupeau sans réfléchir…

Ce qui est dur avec l’IA c’est de trouver le bon problème à régler. Le bon use case. Ce n’est pas tous les problèmes qui ont besoin de l’IA. Vraiment pas. Ce n’est qu’un outil parmi tant d’autres.

Faut toujours revenir à l’objectif. Qu’est-ce qu’on cherche à faire au final? Le quoi d’abord. Le comment ensuite.

Tu dois avoir une réponse une fois par mois à une question X? C’est beaucoup plus simple de chercher sur Google pendant 30 secondes que de développer une application qui va prédire la réponse.

Tu connais la recette pour traduire la solution à ton problème? Alors la bonne vieille programmation classique IF-THEN-ELSE fera amplement le boulot.

Tu veux trouver des tendances, éplucher des données pour voir s’il n’y aurait pas des liens quelconques? Regarde plutôt du côté de l’analytique et du data mining.

Tu veux faire de l’IA juste pour avoir accès à des subventions ou avoir un .ai dans ton nom de domaine? Come on mon pote… C’est gênant.

Tu as des tonnes de tâches répétitives qui prennent un temps humain fou? En plus, c’est vraiment difficile à programmer parce que le résultat voulu est difficile à expliquer par une recette? On est sur de quoi là…

Tu as des exemples pour montrer ce qui est un bon résultat et ce qui ne l’est pas? Est-ce que tu peux aussi te permettre une marge d’erreur sur la qualité des résultats, i.e. 3-4-5-10% des résultats pourraient être discutables et c’est ok? Ça commence à sentir l’IA mon pote!

Tu as accès à une tonne de données pour entraîner la machine? Et comble du bonheur, tu as accès à du talent qui sait comment mettre techniquement en place un projet d’IA? (i.e. qui comprend autant le problème de business que le côté techno)

Bravo. Tu es sur le terrain de l’IA. Le plus dur est fait à cette étape. Décider pourquoi l’IA est la meilleure solution, décider que les bénéfices vont surpasser les coûts, et décider d’investir dans le changement. Parce que oui, voir le futur avec les lunettes de l’intelligence artificielle est un bon changement.

L’exemple que je préfère pour décrire l’IA est celui des salons / lounge dans les aéroports. Tout a été mis en place pour assurer le confort des voyageurs. Du café. Un buffet. De la boisson. Du personnel souriant. Le Wifi gratisse. Des divans confortables. Pourtant, tout ça existe parce qu’il est difficile de prédire à quelle heure on doit partir de la maison pour arriver à temps à l’embarquement. Du moment qu’on aura une machine qui va nous dire à quelle heure partir pour arriver juste à temps, qui voudra réellement partir plus tôt pour aller au salon?

Bref, c’est ça le futur. Bon succès à ceux qui ont compris. Bonne chance aux autres!