J’ai démissionné de mon poste de CEO et c’est une excellente chose!

dilbert-quit

– Je, sousigné, Stéphane Guérin, démissionne de mon poste de CEO de DashThis.

Quoi? T’es malade Steph? Tu fermes DashThis? Tu vends? Tu fais faillite et la banque te fout dehors?

Relaxe mon pote, tout est cool et la shop se porte à merveille. Je démissionne effectivement de mon poste de CEO/PDG/Dieu-qui-règle-en-absolu de DashThis. Et c’est une maudite bonne affaire!

Disons-le, j’étais gestionnaire par défaut, faute de mieux. En lançant une boîte seul, pas trop le choix d’occuper toutes les fonctions. Dont celle de directeur général. Et plus la boîte grandit, plus cette fonction me collait à la peau.

Logiquement et naturellement car je suis le fondateur actionnaire majoritaire.

Sérieusement, est-ce que j’ai l’air d’un gestionnaire? No way. Mon talent est dans la vision, les idées, lancer des projets, tester, penser différemment, concevoir et exécuter des stratégies. Le mot « gérer » m’allume autant qu’une allumette mouillée.

Un des talents d’un vrai bon gestionnaire est de mettre les bonnes personnes dans les bonnes chaises. Hire slow, fire fast comme ils disent. Donc ça commence par me mettre à la bonne place, place qui n’est définitivement pas celle du directeur général. Par conséquent, je me congédie. Ç’a aura été mon meilleur coup comme gestionnaire! 😀

Au début alors que nous étions 4-5 personnes, ça fonctionnait quand même bien. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je ne suis plus le vecteur de succès du début, mais plutôt un facteur de risque!

Dit autrement, je gère comme le maire Gérald Tremblay : Je ne contrôle pas, je ne congédie pas, je ne planifie pas, je fais semblant que tout va bien avec mes lunettes roses. Aucun suivi ou presque. Résultat? Énormément de temps perdu. Et comme le temps c’est de l’argent, une tonne de fric de perdu également: Mon fric!

En effet, un employé qui se pogne le beigne ou ne fait pas ses heures est tout simplement en train de flamber mon fric. Au diable le voyage à Walt Disney en famille, ce budget a été bousillé en temps improductif.

Mais Steph, comment tu sais si tout le monde fait ses heures et rapporte à la hauteur de son salaire?

Et bien justement, je ne le sais pas. Pourtant, contrôler les coûts et mesurer le rendement c’est business 101. Je suis du genre à (trop) faire confiance, mais je ne suis pas épais non plus. Et puis le travail à distance complique les choses quand vient le temps de contrôler la quantité et la qualité du travail.

Ultimement, c’est moi le responsable. Et je suis visiblement la source du problème. Out!

C’est bien beau se foutre à la porte Steph, mais t’es pas plus avancé sans CEO, non?

Bien vu! Mais ça c’est un beau problème. Quand l’entreprise a du succès, du potentiel et les moyens, ça permet de recruter un gestionnaire d’expérience digne de ce nom.

Idéalement, on recrute à l’interne, mais personne n’avait le profil de dirigeant recherché. Après tout, cette personne doit faire beaucoup mieux que moi et doit aussi amener l’entreprise à doubler, tripler voire même décupler ses revenus et rentabilité! Ce n’est pas rien…

Garder en tête que cette personne joue avec mon fric. Me tromper peut coûter très cher. Mon entreprise, c’est mon fond de pension. Au même titre que tu ne confierais pas tes placements de retraite à un ivrogne qui croit pouvoir battre le casino.

Alors qui te remplace Steph?

Et bien, par un concours de circonstance et un excellent timing, mon ami et ancien associé chez Nofolo, Philip Boumansour, se joint à l’équipe pour en prendre la direction.

Tsé quand tu as la conviction d’avoir la personne compétente, d’expérience et de confiance pour remplir ce rôle? Rôle qui est d’amener MON entreprise très loin? Ben c’est ça.

Ho, on a eu nos moments plus difficiles Phil et moi depuis Nofolo, mais il y a beaucoup d’eau qui a coulé sous le pont depuis. Par bonheur, tout s’est replacé pour le mieux. Je suis définitivement très excité et enthousiaste de poursuivre la croissance de DashThis sous sa direction!

Mais toi Steph, tu fais quoi là?

Et bien, ça c’est la cerise sur le sundae. Je vais retomber à mes amours : Partir des projets! Sortez-moi des opérations et je vais créer une tonne de valeur pour l’entreprise. La différence avec les dernières années, c’est que je vais pouvoir compter sur une équipe et des moyens financiers. Au diable le bootstrapping, on accélère la croissance!

Bref, faut pas voir ma démission comme un échec. Au contraire, c’est une libération pour moi et c’est signe que j’ai réussi à construire quelque chose qui me dépasse. C’est le premier pas en direction d’une nouvelle phase de croissance!