C’était un mercredi matin je crois. En octobre. J’ai failli mourir étranglé. En effet, mon collègue m’envoyait foudre et lasers de ses yeux et jonglait avec l’idée de me pendre par les couilles sur la place publique pour servir d’exemple.
Mon crime? Changer d’idée sur l’utilité d’un loyer. Ce n’est pas si grave en soi. Si ce n’était qu’il avait déjà acheté du stock pour le bureau. Oups! Heureusement, on a pu tout utiliser quand même.
Pourquoi avoir changé d’idée? J’avais le bail dans les mains. Un beau local en ville, mur de pierre, près de tout, restos, etc. Malgré tout, une voix me titillait en me disant « pourquoi? ».
En effet, pourquoi? Pourquoi avons-nous besoin d’un loyer? Est-ce essentiel? Ou seulement un nice to have? Est-ce que ça nous empêche de vendre? De grandir? De travailler? Qui s’en offusquera? Après tout, 99% de nos clients sont à l’extérieur de Québec et même du Québec.
Pourquoi avoir mis une croix sur un bureau?
Une tête au lieu d’une porte. Pour le prix du loyer, c’est un employé de plus. Un local est une dépense. Un employé, un investissement.
Sauver du temps de déplacement. C’est grosso modo 8-10 heures par semaine de sauvé en déplacement. On dira ce qu’on voudra, mais le déplacement est bien la plus grosse perte de temps au monde. Là, c’est 10 heures de plus par semaine pour produire ou profiter de la vie.
Faire différemment. Tout le monde a un bureau. Moi aussi je dois en avoir un? Au début j’étais mal à l’aise de dire aux clients qu’on n’avait pas de bureau. Maintenant, de la manière que je leur raconte ça, c’est un facteur de différenciation. On ne fait pas comme les autres jusque dans nos bureaux. Imagine ce que c’est avec le produit et le service!
Bien sûr, il y a des inconvénients. C’est tout qu’un changement pour chacun. Il faut inventer les méthodes de travail puisque ce n’est pas conventionnel et personne n’a de réelle expérience de travail en équipe à distance. Mais avec Skype, des webcams, Google Docs-Talk-Hangout et de la discipline, ça va très bien. Au début, c’était un peu bizarre, mais la routine à bien pris.
On parlera aussi de cohésion d’équipe et d’ambiance de travail. Encore là, il faut être ouvert à faire différent. Nos meetings sur Google Hangout sont tout aussi efficaces que ceux que j’avais dans une salle de conférence. Déranger quelqu’un dans son bureau pour une question n’est pas plus facile que de cliquer sur le piton « appel vidéo » sur Skype. Et on n’a même pas besoin de se lever!
Pour tisser des liens on met en place des DashThis Friday Happy Meal® où on se rencontre au resto avec de la pizza aux frais du patron. Pas cher. Efficace.
Il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients quand on se donne la peine d’essayer. Dans notre compagnie, c’est permis de faire une sieste l’après midi, d’aller magasiner un mercredi matin et ça n’empêche pas de travailler quand le môme doit rester à la maison. Personne ne sacre après le trafic, n’arrive en retard ou se les gèle quand il fait -25. Perso, on n’a qu’une auto au lieu de deux depuis bientôt 2 ans. Moins de paiements. Moins de gas.
Bref, un local doit faire partie du questionnement d’affaires comme n’importe quelle dépense. Si ce n’est pas essentiel, c’est inutile. Et faut croire que nous ne sommes pas les seuls. Bandzoogle de Montréal. 11 employés, près de 3M$ de chiffre d’affaires… et pas de bureau!
Pour les citer « Combien de temps pourront-ils tenir sans locaux ? « Le plus longtemps possible ! dit David Dufresne. Car pour nous, c’est aussi un style de vie. » ».
Style de vie? J’aime.