J’aime beaucoup la citation du coach de patinage de vitesse de mes enfants: Personne ne s’est jamais rendu aux Olympiques avant 20 ans (en patin, on s’entend).
En d’autres mots, relax mon pote. Les enfants (et les adultes!!) ont tendance à se mettre de la pression franchement inutile. Ils vont toujours se comparer à un autre athlète qui sera plus performant. Mais à cet âge dans ce type de sport, il suffit parfois de grandir un peu pendant l’été, de prendre un peu plus de force pour changer les résultats la saison suivante.
Le cas typique: Le jeune qui est facilement dominant alors qu’il a 7-14 ans. Il n’a pas besoin de se forcer, il gagne tout les doigts dans le nez.
Par contre la réalité le rattrape tôt ou tard. Les autres finissent éventuellement par se développer physiquement et la marge victorieuse confortable disparaît. À ce stade, celui qui l’a eu trop facile se décourage car ça demande maintenant trop d’efforts pour gagner. Il n’est pas habitué de se forcer pour gagner.
A l’inverse, l’autre jeune qui a grandi en travaillant fort, en faisant des progrès réguliers, en persévérant, en ayant une bonne éthique de travail, il voit maintenant ses efforts récompensés.
Bien sûr, c’est tout un défi de rentrer ça dans la tête d’un jeune athlète: C’est pas grave si tu ne gagnes pas maintenant, ce qui compte c’est que tu gagnes dans 5-10 ans… tsé!
J’aime beaucoup montrer à mes patineurs des vidéos de leur évolution. J’aime mieux mettre l’accent sur leur progression, montrer tout le chemin qu’ils ont réalisé plutôt que de compter les médailles et trophées.
Toute cette introduction un peu longue pour dire qu’en affaires plusieurs ont le même problème: On veut des résultats maintenant. Pas dans 5 ans. Main-Te-Nant. Là. Tout suite.
Pourtant, règle général, ce qui a beaucoup de valeur demande du temps. Beaucoup de temps. Les entrepreneurs pressés coupent les coins beaucoup trop ronds et le résultat ne vaut pas grand chose.
Mine de rien, ça fait plus de 25 ans que je peaufine mon talent d’entrepreneur. 25 ans!
Quand j’ai démarré DashThis je m’étais dit que ça prendrait 3 ans avant de voir si ça marche ou non. Et c’est pas mal ça. Si je m’étais fié aux résultats de la première année, j’aurais abandonné. Même la deuxième. Finalement, ça a pris 5 ans avant que je puisse dire que ça semble vouloir fonctionner. Et que je me paie un salaire décent!
Et oui mon pote, le fondateur est toujours le dernier payé. Quand il en reste. Plusieurs employés ont longtemps été mieux payés que moi. En fait, à part moi et un associé, tout le monde a eu d’excellentes conditions dès leur premier jour. Veux-tu qu’on parle de mes conditions à mon jour 1? C’était nada. Rien. Zéro. Que dalle. En language techno, le bon terme est NULL.
var Steph = new Employee();
Steph.Salary = null;
Steph.Dividends = null;
Steph.Benefits = null;
Steph.Security = null;
Steph.Vacations = null;
Steph.CompanyCar = null;
Les années de vaches maigres, d’insécurité, d’incertitude et de soucis financiers, c’est moi qui a tout enduré. J’ai investi 100 000$ de mes poches avec toutes les chances de ne plus le revoir. Pour accepter ça, il faut être capable de regarder loin devant, de se dire qu’on sème pour récolter plus tard.
Également, avec l’âge, ma vision du long terme évolue. À 20 ans je voulais faire la “piasse” pronto. J’avais une vision très court terme. A 30 ans, avec DashThis j’envisageais plutôt un horizon de 5-10 ans. Et à 40 ans, je suis plutôt rendu à envisager une aventure pour les 15-20 prochaines années.
Comme on dit, first time founders think about their exit, second time founders think about their legacy.
Grandir lentement, mais sûrement. Y aller comme je l’entends, à ma façon, en toute liberté. Exercer et perfectionner encore plus mon art. Bâtir quelque chose qui perdurera dans le temps. Servir une communauté et être utile. Quelque chose qui va traverser les modes et qui sera imperméable aux individus qui ne voient qu’à court terme.
Comme en patinage de vitesse. Ce n’est pas la première course à l’âge de 7 ans qui importe. Non, c’est celle en finale Olympique à 24 ans. Et celle là, c’est à la toute fin d’un long parcours d’endurance qui aura coûté des années d’efforts et de persévérance. Il n’y a pas de raccourcis au succès mon pote.
Si on compare mon cheminement au patinage de vitesse compétitif, on peut dire que je suis rendu au niveau Élite. Je pense que j’ai fait la preuve de mon talent, de ma motivation, de ma capacité à réaliser des projets originaux et profitables from scratch. J’ai développé une éthique de travail dont je suis fier. Et la cerise sur le sundae? Mes meilleures années sont à venir!
Cependant, j’ai encore beaucoup à améliorer pour me rendre dans l’équipe nationale et mériter une place sur l’équipe Olympique. Je fais encore beaucoup trop d’erreurs pour être un champion du monde. Un vrai tata des décisions stupides où je me mets moi-même dans le trouble. Particulièrement, il serait temps que je cesse de douter de moi. L’expérience démontre que j’ai ce qu’il faut pour diriger une entreprise, bâtir une équipe et l’amener loin. Pour dire comme je répète à mes enfants, je suis mon plus grand défi.
Et finalement, un lien intéressant du patinage de vitesse avec la business est qu’il est très difficile de tricher. C’est un sport tellement technique que les stéroïdes et autres magouilles pour se donner un avantage ne servent pas à grand chose. Il y a pas mal un seul chemin vers le sommet: Des centaines de milliers de tour de patinoire et des millions de coups de patins. Comme dans une entreprise, ceux qui ne sont pas prêts à mettre les vrais efforts ne vont pas loin.