Nouvelle surprenante dans le journal Les Affaires cette semaine à propos du web gratuit : Le New York Times (NYT) et le Wall Street Journal (WSJ) ont l’intention de rendre gratuites leurs sections payantes. Surprenant parce que ces deux journaux démontraient que le modèle payant pouvait s’appliquer au contenu de qualité.
Surtout, ils démontraient que ça pouvait rapporter gros. Le NYT avait 225 000 abonnés payant entre 50$ et 100$ par année, donc disons un beau magot moyen de 16 875 000$. Pour le WSJ, c’est 931 000 abonnés qui rapporte 65 M$ en plus de 75 M$ en publicités pour les sections payantes.
Mettre une croix sur ces revenus n’est sûrement pas une décision prise à la légère. Un risque bien calculé sans doute. Le fait est que ces deux journaux en ligne croient qu’ils retireront plus du modèle gratuit / publicité. Dans le cas du WSJ, ils estiment faire passer les revenus publicitaires à 375 M$. Donc près du triple des revenus actuels. Le choix semble évident, non?
Mais ça, c’est aux Etats-Unis où les annonceurs dépensent beaucoup sur le web. Quoique ça annonce probablement la prochaine tendance, partout en Amérique et en Europe. Le contenu payant serait donc éventuellement partout remplacé par le contenu financé par la publicité? Verra-t-on de nouveaux formats publicitaires plus intrusifs? N’oublions pas qu’il n’y a rien de gratuit. Même le contenu gratuit!
D’un autre côté, si les budgets d’annonceurs se déplacent de plus en plus sur le web, je me demande si ça ne pourrait pas remplacer d’autres modèles payants. Par exemple, je pense au site d’immobilier DuProprio.com qui charge quelques centaines de dollars pour mettre en vente une maison. Est-ce que ce type de site pourrait éventuellement être entièrement financé par la pub?
Dans le cas d’un iMinR, je serais surpris que la seule publicité puisse couvrir les coûts d’exploitation. D’ailleurs, un gros client qui génèrent des millions de pages vues par mois rapporterait autant, ou même moins, qu’un petit webmaster? Ça ne fait pas de sens.
Et verrons-nous réapparaître les initiatives de l’époque comme les fournisseurs cellulaires gratuits, les fournisseurs d’accès Internet gratuit entièrement financés par la pub? Ces modèles ont été de beaux exemples d’échecs. Était-ils trop en avance sur leur temps?
Donc, un client qui vient me voir pour lancer son entreprise sur le web et me demande comment il devrait générer des revenus, je lui réponds quoi? « La publicité sans aucun doute, c’est le modèle de l’avenir! Oublie les abonnements et les revenus sur valeur ajoutée, avec la pub, tu ne te trompes pas! » Ça sonne tellement web crash 1.0…
Puis, j’ai toujours une pensée pour les trucs à la « adBlocker ». C’est toujours marginal comme utilisation, mais s’il fallait que ça devienne significatif, ça pourrait créer un sérieux bordel.
Je suis peut-être vieux jeu ou encore d’une mentalité de PME, mais je pense toujours que c’est important d’avoir un modèle d’affaires autre que le gratuit / publicité. On peut bien sûr tirer des revenus de la publicité pour gonfler ses profits. Complémentaire, c’est comme ça que je vois la pub dans une PME.
Bref, à mon avis, à part pour les grands médias, faire vivre 10 ou 50 employés entièrement de la publicité n’est pas évident. Il y a peu d’appelés, encore moins d’élus. C’est tellement rassurant d’avoir des revenus récurrents, à tous les mois. Des revenus passifs, ça, j’aime ça!