Alors ça y’est : Capazoo a l’air plutôt à l’agonie sur son lit de mort. Heri me dit que le restant des employés à été mis à la porte hier en plus qu’il y aurait une pancarte « à louer » devant les bureaux de Capazoo.
Il ne reste plus qu’à tirer la « plug » sur leurs coûteux serveurs (5M$ en hébergement pour 3 ans pour 14 000 membres… ouch!) et Capazoo sera de l’histoire ancienne. Bien que M. Corriveau, un porte-parole d’un fondateur, semble croire que tout sera revenu à la normale dans quelques jours…
Je n’ai évidemment pas été un chaud partisan de ce projet dès le départ. J’aurais honnêtement préféré un projet qui aurait pu devenir la fierté des entreprises Web au Québec. J’aurais aimé parler d’un site qui démontre au reste du monde qu’on peut lancer des projets d’envergure planétaire ici, au Québec.
Alors, quoi retenir de cette histoire?
De l’argent, oui, mais…
Ce qui a frappé dans le projet Capazoo, c’est le financement qu’ils ont eu. 25 M$ plus un autre 20 M$ possible. Le tout flambé en 2 ans. Considérant la masse salariale de 150 employés, des commissions et salaires des fondateurs (1.2 M$ en un an), c’est normal que c’est vite flambé. Pourtant, je connais beaucoup de gens qui aurait fait 10 fois mieux avec 10 fois moins…
Trop, c’est comme pas assez
Justement, c’est quoi la mentalité ici? On va mettre une tonne de fric et tout défoncer? Ça ne marche pas de même. Perso, démarrer une entreprise avec une centaine d’employés, je crois que c’est courir après le trouble. Il n’y a encore aucune structure, la roue ne tourne même pas et il faut mettre à l’œuvre 100 personnes? Pas étonnant que la première version a été mise aux poubelles puis tout refait à partir de zéro… après un an! Le temps qu’ils apprennent à travailler ensemble quoi.
Mieux vaut tard que jamais… pas toujours vrai!
MySpace et Facebook, ceux à qui Capazoo voulait faire la barbe, datent de 2003 et 2004, soit plus de 3 ans. C’est une éternité dans le Web où les pionniers ont l’avantage du first-mover. Google a démontré qu’un late mover peut réussir, mais combien y a-t-il d’exemples à succès comme Google?
On n’achète pas une communauté
Les communautés qui fonctionnent sur le Web ont débuté par un simple projet qui répondait à un besoin. Puis, la communauté s’est bâtie autour de ça et à grandi avec le temps. Bref, ces projets ont une âme auquel les utilisateurs s’identifient. On n’impose pas une forme de communauté, c’est la communauté qui nous guide sur la manière de la faire évoluer. Résultat? On a 14 000 utilisateurs plutôt que le million prévu.
Connaître ce dans quoi on s’embarque
Sérieusement, dans la direction et les actionnaires, est-ce qu’il y avait quelqu’un qui connaissait le Web? Ils connaissaient les affaires, la finance, le sport, la vente, les avions, les chars de luxe, mais le Web? On ne lance pas une communauté Web comme on ouvre un McDo au centre-ville de Montréal.
Grand public et payant, c’est mal
Faire payer le grand public pour accéder à une communauté grand public? Surtout alors que les compétiteurs et autres alternatives sont gratuits? Surtout sachant que faire payer les gens sur le Web, même 1$, c’est très difficile? Plusieurs ont essayé, peu ont réussi.
Les zoops?
Les zoops, cette monnaie virtuelle que les membres VIP (lire payants) pouvaient gagner et ensuite dépenser chez un réseau de partenaires avec une carte de débit. C’est une vraie mentalité d’affaires traditionnelle qui ne colle pas au Web.
Mélanger de bons ingrédients ne donne pas nécessairement un bon plat
Si on prend chaque élément qui distingue les sites à succès (profils, réseaux, videos, etc) et qu’on les placent dans un même endroit, ce n’est pas une garantie de succès. Sinon, on pourrait prendre des sushis, de la fine cuisine française et une roulotte à patates et faire un nouveau concept de restaurant, non? Ça manque un peu d’identité…
La mentalité derrière le projet
Pour terminer, ajoutons à ça des hommes d’affaires qui ne sont là que pour l’argent, par opposition à faire un produit au goût des utilisateurs qui répond à un besoin, puis on obtient un projet où les fondateurs se disputent et foutent le bordel pour une histoire de gros sous. Pour la passion, on repassera.
Bref, au moins, il restera de Capazoo un excellent exemple de ce qu’il ne faut pas faire sur le Web. Servir de cas d’étude aux prochains qui seraient tentés de répéter l’expérience, c’est un bel héritage, non?