Je suis habituellement bien à l’aise face à l’incertitude. Y’a pas grand chose qui me dérange. Principalement parce que j’essaie toujours de me garder une marge de manœuvre, d’avoir de la flexibilité dans mes choix. Si je me trompe, et ça arrive souvent, c’est pas grave en autant que je peux me virer sur un 10 cennes.
Mais là, avec l’organisation du travail post-pandémie? C’est tout qu’un bordel.
Et pour ajouter à l’embêtement, tous mes confrères / consoeurs entrepreneurs que j’ai consultés sont dans le même mode: On sait pas / On verra cet automne / C’est pas clair.
Une chose semble claire cependant: le télétravail est là pour rester. Plusieurs ont pris goût à la flexibilité et à la liberté que ça procure. Je pense à mon frère qui saute dans les sentiers de vélo de montagne plus tôt grâce au temps fou sauvé du trafic quotidien.
Plusieurs ont réalisé ce qu’on avait réalisé il y a 10 ans: Un bureau n’est plus un must-have dans notre ère numérique. C’est un nice-to-have au mieux, un risque inutile au pire (J’ai déjà dit que si on avait loué un bureau en 2012 on aurait pas survécu?).
Pour ma part, c’est connu que je suis un fan du travail remote. DashThis a pris vie et grandit en étant full remote. Personnellement, ma productivité est bien meilleure quand je suis dans mon coin, focus et concentré. En plus que ça me permette de faire un max de vélo, taper sur mon drum ou faire une p’tite sieste, ce qui me permet d’être au top de ma forme! Meilleur rendement en moins de temps. Plus vite aux résultats, plus de temps pour faire autre chose que de travailler.
On a pris le virage “bureaux” il y a 5 ans. Il y a bien sûr des avantages d’avoir un bureau. Et un beau à part ça. Mais ça vient avec de sérieux inconvénients:
- Ce que tu gagnes en collaboration, tu le perds en productivité. Les fichus open space c’est difficile de se concentrer. Quand on veut être concentré 2-3-4-5 heures en ligne… on reste chez nous!
- Ce que tu gagnes en “prestige / beau / wow”, tu le payes cher en coût d’opportunité. Un dollar mis dans un loyer c’est un dollar que tu ne mets pas sur un nouvel employé, une augmentation de salaire, un nouveau projet…
- Ce que tu gagnes en qualité de milieu de travail, tu le perds en flexibilité. Un bail c’est rigide et une décision à long terme. Ça laisse très peu de place pour saisir des opportunités spontanées.
- Ce que tu gagnes en présence locale, tu le perds en attraction mondiale. Dans un monde où le talent n’a pas de frontières, pourquoi restreindre son terrain de jeu et insister sur une présence physique? Beaucoup de gens peuvent maintenant travailler pour qui ils veulent d’où ils veulent. Un bureau? Très peu pour eux.
C’est drôle comment une pandémie peut changer la façon de voir les choses. Si c’était à refaire présentement, est-ce qu’on investirait dans des bureaux pharaonesques? J’aurais une sérieuse réserve.
D’ailleurs, il y a un aspect de personnalité dans le choix d’avoir des bureaux ou non. Pour certains, c’est une question de show-off et de contrôle. C’est important d’avoir “l’air” successful, d’avoir le gros bureau big shot pour impressionner la galerie. Mais surtout de garder les employés à l’oeil (allo la confiance).
Pour moi, au contraire je fais facilement confiance alors travaille où et quand tu veux tant que tu fasses la job. Et pour le show-off, très peu pour moi. J’admire un type comme Alain Bouchard de Couche-Tard qui a des bureaux modestes malgré ses moyens… La raison? Si ça ne va pas directement à servir le client c’est une dépense inutile. La frugalité, c’est une qualité en affaires.
Alors, c’est quoi la solution? Fouille moi. On est bien embêté.
Chez nous comme ailleurs, plusieurs envisagent un mode hybride, conserver une portion télétravail avec un peu de bureau. Quelques-uns sont pro full-remote et la même proportion sont pro full-bureaux.
L’hybride me semble en même temps le meilleur et le pire de deux mondes.
La bonne nouvelle, c’est que je pense qu’on a une superbe opportunité de réinventer la façon dont on travaille. Et au centre de tout ça, on doit mettre la qualité de vie de l’employé. Je m’inclus là dedans.
Quelques orientations que j’ai en tête:
- Le travail peut se faire de n’importe où sur la planète.
- Réduire le temps consacré au déplacement au minimum
- Un bureau open space full time est un modèle de l’ancien temps.
- Établir une culture de confiance (qui vient avec l’imputabilité).
- Une certaine proximité physique est importante (i.e. personne veut être isolé)
- La collaboration et le travail d’équipe ne sont pas moins importants, juste différents et à repenser.
- On est une shop internet virtuelle qui rayonne partout sur la planète: le mode de travail pourrait refléter ça également
- Un bail long terme coûteux et rigide… est-ce que c’est vraiment un choix judicieux? Pourquoi se mettre volontairement une contrainte inutile? On fait quoi quand on doit rajouter le triple d’employés? Le réduire? Comment deviner quels seront les besoins dans 3-5-7 ans?
- Je préfère investir dans le bonheur de ma gang que dans du pied carré commercial qui paie la retraite d’un propriétaire immobilier.
Le plus drôle? Ceux qui passent à travers la pandémie sans se poser de questions sont ceux qui sont 100% remote. Pour eux, c’est business as usual.
Et si on essayait autre chose?
Pourquoi pas un modèle remote, mais avec un hub de coworking privé? Au lieu d’un bureau conventionnel, pourquoi pas un local avec 2-3 salles de rencontres, genre 4-8-12 personnes, un petit espace style “café” sans place assignée pour ceux qui veulent travailler là? Rien de gros. Rien de coûteux. Rien de glamour. Mais confortable et paisible. Une place pour se rencontrer au besoin et pour changer d’air.
Pas de grande salle à manger. Pas de foyer de luxe. Même pas de parking intérieur (chose que j’adore!). Un espace dédié à la collaboration en personne, mais qui n’exclut pas la présence virtuelle de ceux à l’extérieur. Un espace qui permet de travailler ailleurs pour ceux qui désirent sortir de chez eux.
T’as besoin de plus grand pour une rencontre de l’équipe au complet? Y’a des salles dans tous les hôtels. Besoin d’un espace pour qu’une équipe travaille ensemble pendant un crunch de deux semaines? Y’a des endroits co-working pour ça. Y’a plein de solutions flexibles et à la demande.
Comme louer un siège d’avion pour un vol au lieu d’acheter son propre avion…
Et la cerise sur le sunday, prendre du budget récupéré du loyer pour l’investir dans les activités de team building. Parce que c’est là le défi: Réussir à bâtir un esprit d’équipe dans ce contexte. Parce que c’est important de se voir et de se connaître. Tout le monde déteste les 5 à 7 sur Zoom. On veut une vraie proximité physique. Ça prend un sentiment d’appartenance. Faut jouer en équipe. Faut pas avoir l’impression d’être un freelance. Les humains sont faits pour socialiser en personnes. Dans le temps on faisait nos dîners Happy Meal au resto sur le bras du boss une fois par mois. Perso, j’adorais ça.
Il y a plein d’histoires à succès d’entreprises qui ont réussi une culture remote. Invision sont 700 employés remote… ça doit bien fonctionner, non? C’est comme tout: Quand on veut, on peut.
Bref, c’est toujours pas clair quoi faire avec ça. Mais j’ai l’intention de transformer ce défi en opportunité pour revoir notre fonctionnement pour le futur. Et aussi d’aligner ça vers nos objectifs ambitieux d’avoir 50 000 clients d’ici 10 ans.