Un peu d’ordi avec un café en ce lundi matin 30 décembre venteux pré-tempête. Je réalise que c’est le moment des revues de fin d’années. Plusieurs compagnies et individus jouent le jeu.
Et moi de me dire “Hmmm… 2019… qu’est-ce qu’il y a eu dont?”
Mon cerveau est peut-être engourdi, mais rien de spécial me vient en tête.
Ordinaire serait le bon mot.
Une année ordinaire où tout a été comme ça devait être.
Ce n’est ni bien, ni mal, ni spectaculaire, ni moche. C’est dans les attentes. Pas en dessous, ni au dessus. Prévisible. Stable.
Ordinaire.
Comme du gazon qui pousse. Ou du vin qui goûte le vin. Ou une paire de souliers avec des lacets. Ou du papier collant qui colle. Tu vois le genre.
Évidemment, c’est mon point de vue. D’autres pourront avoir trouvé ça extraordinaire. Ou désastreux, qui sait. Ça dépend des lunettes qu’on met.
De la façon dont je vois les choses, tout le monde fait ce qu’il doit faire, la compagnie va très bien, comme je m’y attendais sans grande surprise (ça fait des années que ça va bien tsé!). Il est loin le mode survie. La phase “startup” est terminée depuis belle lurette. L’équipe a pas mal sa taille naturelle. On ne sera pas 100. Ni même 50. On a même atteint un compte de 37 pour retomber à 35. Mon feeling est qu’on sera plus ou moins la même taille à la fin de 2020.
C’est probablement dûr à comprendre pour bien des gens, mais pour quelqu’un qui a transformé une idée intangible et sans valeur en une compagnie profitable, qui a traversé les tempêtes, douté de la survie ainsi que lutté pour, fait des grosses erreurs et travaillé incroyablement fort pour y arriver… J’ai mis mes trippes dans cette aventure là. Quand ça va trop bien, ça peut sembler “ordinaire”.
Je ne suis plus impliqué comme je l’étais aussi. Moins attaché émotivement. Moins dans l’action. Moins dans les décisions au day-to-day. Je suis ailleurs, dans une autre bulle.
Autrement dit, lancer une startup et opérer une business, c’est très différent. Moi j’excelle dans réaliser un projet débile à partir de rien. Opérer? Bof, mon fun n’est pas là dedans.
À part moi, Alex et Paul, la majorité de l’équipe n’est en place que depuis 3 ans ou moins. Ils n’auront rien vécu de la période critique. Pour eux, ça marche parce que c’est “normal” que ça marche. Mais pour que ça soit “normal”, dis toi qu’il y a une poignée de bozos qui y ont cru et ont tout fait pour que ça devienne “normal”. Même mes associés ont commencé avec un char fourni et un gros salaire. Rien à voir avec nos années de vaches maigres où j’étais le dernier payé. Quand j’étais payé!
Je souris toujours quand on me dit que le mois n’a pas été terrible avec seulement 100 nouveaux clients. Dans le temps, en avoir UN était un événement!
Même mon rôle a radicalement changé. Je suis passé du gars qui faisait tout, techno, ventes, marketing, support, ménage, achat de timbres, etc à… “gars qui a des idées”. Le gars qui “travaille sur d’autres projets”. Une manière polie de dire que je suis inutile dans le day-to-day. Ce qui est positif quand on y pense. Les entrepreneurs à succès savent se rendre inutile, se libérer et passer au prochain projet.
Par contre, la transition entre startup et business peut être houleuse et très difficile quand c’est mal planifié. Ç’a été mon cas.
Heureusement, je ne suis pas le seul “fondateur” à passer dans une telle phase. C’est classique même. Quand une vision, un rêve, est réalisé on est “Hmm… ok, c’était l’fun. Now what?”. Le défi et le thrill de réussir un projet fou ont laissé la place à une phase d’entretien et d’optimisation. Opérations. Processus. Agenda. Planification. Objectifs… Les généralistes qui règlent n’importe quel problème, qui sont essentiels au démarrage, sont remplacés par des spécialistes. Le CEO qui à du succès en startup n’en aura pas nécessairement en croissance. Et vice versa. C’est typique et toutes les entreprises passent par là.
Naissance, croissance, maturité, déclin, mort. Ainsi va la vie!
Donc 2019? Ordinaire pour moi. Mais je réalise que je laisse la place à une nouvelle génération de leaders qui prennent le flambeau et l’amènent plus loin que je l’aurais fait. Antoine, JP, Phil Huot, Élo, Oli et d’autres vont faire en sorte que DashThis va continuer de rayonner et grandir.
Je me vois très bien dans 10 ans raconter à qui veut bien l’entendre que c’est moi qui a parti ça, cette belle boîte là. Et que personne y croyait. Je manque pas de la placer celle là!
Plus je vieillis, plus je connais mon rôle et ce dans quoi j’apporte dans la réelle valeur. Ça fait 25 ans que je démarre des projets… Tester une idée, découvrir un modèle d’affaires, itérer des centaines de fois, peaufiner jusqu’à ce que ça soit “ça”. Prendre l’idée sur une napkin et en faire une compagnie viable et profitable. Créer, bâtir à partir de rien. Assembler une équipe de guerriers en mission et instaurer une culture qui me ressemble. Être assez freestyle pour faire ce qu’il faut instinctivement. Agir et corriger plutôt que d’être paralysé à trop réfléchir. Être dans l’action plus que dans des comités. Ça, c’est moi.
Et 2020? Fouille moi. Pour le moment je n’ai pas de défi ou de projet particulier. J’explore. J’observe. J’ai un autre billet à ce sujet qui s’en vient justement.
Je t’entends déjà me dire “Vas-tu partir?”. Je n’ai pas de réponse à ça. Ou pas de réponse simple à tout le moins. Ça dépend des opportunités et des associés. Les contraintes au départ d’un fondateur / actionnaire sont assez différentes de celles d’un employé. Autrement dit, un employé quitte s’il le veut. Un actionnaire, s’il le peut. La probabilité est plus du côté de rester longtemps que de partir bientôt. Ce qui n’est pas un soucis pour moi. Je reste, c’est ok. Je pars, c’est ok aussi. Mais clairement mon avenir est dans un projet qui n’existe pas encore. Sous quelle forme? Avec qui? Comment? Aucune idée. J’y travaille.
Mais ne va pas croire que je suis mal pris, au contraire! Comme style de vie, j’ai connu pire! Après tout, on a une business lifestyle alors lifestyle je suis. Manque juste mes siestes l’après midi. Et un peu plus de vélo l’été.
Bref, ordinaire, mais positif. Disons que c’est un beau problème et que c’est une signe de succès. Car si j’étais encore indispensable, après 9 ans, il faudrait constater que ça n’a pas atteint le succès espéré. Pour être clair, je préfère 100 fois ma situation à celles de plusieurs autres entrepreneurs que je connais.
Parallèlement, je réalise mon autre objectif qui est de voir grandir mes flots et d’être là pour ma famille. On a voyagé entre autres en Italie, Hawaii, Portugal. D’autres beaux voyages sont dans les plans: Japon. Pérou. Australie… Je veux en profiter avant que les enfants soient trop vieux. En plus de tout le temps passé dans les compétitions de patinage de vitesse… Ça, c’est mon mega gros succès des dernières années!
Sur ce, bonne année 2020! 🎉🎉🎉