Que vaut le profil d’entrepreneur?

 

J’ai eu une discussion plutôt animée avec des copains la semaine dernière. Le sujet? Que vaut un entrepreneur dans l’âme sur le marché du travail? Plus précisément, les deux points débattus étaient que vaudra mon MBA à la suite de mon aventure entrepreneuriale et comment sera vue mon expérience de travail?

De leur côté, ils me disaient que ça ferait perdre du lustre à mon MBA et que mon expérience ne serait pas considérée comme pertinente dans plusieurs cas. De mon côté, je leur faisais valoir les qualités qui distinguent les entrepreneurs, ayant réussi ou non, des travailleurs nonchalants.

Ils ont raison

Oui, ils ont raison. Mon MBA pourrait valoir moins que si j’avais occupé un poste de direction au sein d’une grande firme. Même chose pour mon expérience, démarrer une petite PME est différent de travailler sur des mégas projets avec des grandes équipes.

Ils ont aussi raison car bien souvent, les ressources humaines normalisent et évaluent le potentiel des candidats en fonction de critères aussi insensés qu’inutiles. Lors d’une entrevue, on m’a déjà dit que le travail pendant mes études ne comptait pas. On m’a aussi dit que mes expériences de travail à mon compte ne valaient pas cher… Peu importe mes réalisations, peu importe ce que je leur disais. Ils m’accordaient 3.5 années d’expériences alors que j’en comptais 8 d’expérience pertinente.

Autrement dit, un étudiant au bac ou à la maîtrise n’est pas reconnu assez efficace pour pouvoir travailler 30-40 heures par semaine en dehors de ses études. Pourtant, les études, sauf en période d’examen ou de remise de travaux, ne demandent que 10 ou 20 heures par semaine. Je fais quoi du reste? Je glande parce que de toute façon, mon expérience ne sera pas considérée?

Et comme c’était des projets personnels (lire que ce n’était pas des entreprises vieilles de 10 ans avec 45 employés), qu’ils aient fonctionnés ou non, l’expérience n’était pas prise en compte. En fait, ils m’ont accordé 6 mois pour environ 3 ans de travail. Et encore, c’est parce que j’ai insisté.

Alors oui, de ce point de vue, ils ont raison.

Ils ont tort

Oui, ils ont tort. Ils ont tort parce que maintenant que je connais ce genre d’environnement où les employés sont des ressources numérotées, je vais tout faire pour ne plus jamais me retrouver là. Je trouve inacceptable de me faire comparer aux autres sur la seule base des années inscrites à mon CV et des diplômes obtenus. Je trouve insensé qu’on ne porte pas d’attention aux qualités qui me sont chères et qui différencient un bon employé d’un excellent employé.

Que ses projets aient connu le succès ou n’aient malheureusement pas fonctionné, qu’est-ce qui défini un entrepreneur?

– Débrouillard : Il y a un problème, il va s’arranger pour trouver la solution
– Autonomie : Donnez-lui une tâche, il l’accomplir sans devoir lui tenir la main
– Leadership : Pour réaliser un projet, on doit le vendre et rallier les autres à sa cause
– Visionnaire : Il voit plus loin que le court terme
– Ambitieux : Il ne se contente pas des miettes, il vise l’excellence
– Efficace : Réaliser les tâches n’est pas tout, efficacement est beaucoup plus profitable
– Initiative : Il n’attend pas qu’un autre règle le problème

Autrement dit, ne pas tenir compte de ces qualités est une grave erreur. De un, l’employé ne se sent pas valorisé en étant l’égal de celui qui n’est pas productif, de deux il quittera probablement après quelques mois ou il risque la déprime professionnelle. Pire, il risque de devenir l’un des leurs : un employé qui se fond dans la masse à qui on en demande pas trop.

Si j’ai à engager du personnel, lequel vais-je prioriser? Celui qui présente les qualités de l’entrepreneur ou celui qui a 3 ans d’expérience et un bac? Les réalisations, les qualités et le potentiel parlent beaucoup plus que les diplômes. Vais-je m’embarrasser d’un type qui n’a aucune initiative ni autonomie? Le moins souvent possible!

Bien sûr, dans les grandes entreprises, il est impossible de n’avoir que des employés de qualité. Sauf pour Google peut-être? On compte généralement 10% d’employés incompétents et improductifs, 80% de bons employés et 10% d’excellents employés. En mettant tout le monde dans le même panier, on nivelle par le bas et on n’encourage pas l’excellence.

Donc, il y a une incompatibilité entre moi et les entreprises qui placent tout le monde au même niveau. Je préfèrerais de loin gagner 50 000$ dans une PME dynamique où je peux m’épanouir que le double dans une organisation qui me considère l’équivalent de mon voisin qui est le dernier des morons où l’avancement est proportionnel au tétage de boss. Ou « brown-nosing » si vous préférez. La gestion du talent ou du potentiel, vous connaissez?

On me parlait de ce qui adviendrait dans le cas d’un crash économique. Et bien je pense qu’il est encore plus pertinent de se trouver des employés efficaces et se débarrasser des corps morts. L’inverse me surprendrait…

Bref, je crois en mes qualités et mes compétences et je n’ai pas peur pour mon avenir. Si je dois me trouver un boulot, je suis certain qu’un employeur saura voir ce dont je suis capable et me fera confiance. Puis j’emmerde les autres qui lèvent le nez sur mes réalisations, sur ce que j’ai essayé et entrepris parce que je ne rentre pas dans leur moule d’employé docile.

Qu’en pensez-vous? Que vaut un entrepreneur qui se cherche un emploi après une aventure à son compte?