Fini le travail à distance et pourquoi on passe au mode bureau

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Et voilà. On a décidé de faire le « move » et de rapatrier tout le monde dans un bureau physique. Après 5 ans à travailler à distance, ce n’est pas quelque chose qu’on prend à la légère. (voir mon billet sur le sujet voilà 3 ans)

Tout d’abord, le contexte :

Il y avait deux raisons qui nous ont poussé à ne pas avoir de bureau dès le départ. Bien sûr, quand j’étais seul, ça allait de soi, mais la journée que nous étions 5 (3 embauches d’un coup), il fallait se fixer : Bureau ou pas?

Tout le monde a un bureau, nous aussi, non? Pas si vite mec…

La première raison est le coût associé à un bureau. Dans les endroits qu’on regardait, c’était entre 2000$ et 3000$ par mois, donc 30-35K$ par année. Pour une startup qui ne fait pas un rond et qui ne sait pas si elle va en faire, c’est un risque MAJEUR.

Un bail de 5 ans quand on ne sait pas si on va survivre un an? Attend minute toi là… Je veux tu vraiment m’engager là-dedans? Mais surtout, pourquoi on veut un bureau?

Bonne question. Et c’est la deuxième raison : Est-ce nécessaire? Le bureau a deux fonctions : travailler en équipe et rencontrer les clients. Nos clients sont en majorité hors du Québec alors ça règle ce point. Pour ce qui est de l’équipe, on peut toujours essayer le travail à distance.

Avec tous les outils collaboratifs qui existent et des mentalités comme Remote, on ne risque pas grand-chose à essayer. Et si ça ne fait pas, on pourra toujours switcher au mode bureau.

Ensuite, le bon du travail à distance.

Et bien voilà, après un peu d’adaptation (personne n’avait jamais fait ça) on s’est vite rendu compte que ça allait bien. La communication par webcam était quand même efficace. Mais le plus important, c’est que tout le monde faisait sa job. Je dirais même qu’on était très productifs!

La preuve est que l’outil s’améliorait constamment et que les ventes montaient en flèche. Ça doit pas être si pire notre méthode, non?

Le travail à distance a beaucoup d’avantages : Pas de trafic, moins de gaz, pas besoin de 2e char, horaire très flexible, grande autonomie et liberté (pour faire ma sieste en après-midi et aller rouler 2h sur mon vélo le midi par exemple). Et puis quand il y a une tempête ou une foutue pédago pour les flots, pas besoin de courir après une gardienne.

D’ailleurs, si on avait pris un local, on aurait dû fermer. J’ai fait une erreur coûteuse en 2013 qui a mis les finances dans le trouble. Si on avait eu un loyer de 3K$ a payer, ça aurait été fini. Sec et net de même.

Finalement, le moins bon du travail à distance.

Bien sûr, comme tout dans la vie, il n’y a rien de parfait.

À mesure qu’on grandissait, rendu à 7-8-9-10-11-12 employés, la communication devient plus complexe. Un meeting a 12 par vidéo, ce n’est pas le top. Conséquence? Je ne parlais presque plus au développement parce que je m’occupais des ventes. Et vice versa. L’équipe devient donc segmentée. Et ça, c’est mal pour tisser des liens et bâtir une culture.

Aussi, la productivité qui était bonne a commencé à décliner. Manque de suivi, de coordination, de communication, perte de temps donc d’argent. Il m’apparaissait clair que, comme chef d’entreprise, je n’avais plus le rendement pour lequel je payais. Entre d’autres mots, j’avais moins de résultats par dollar de salaire que dans les premiers temps.

Et quand nous sommes 4-5, c’est facile de tisser des liens. Par exemple les discussions sur le bord de la machine à café que tout le monde a au bureau, on arrivait à reproduire ça. A 12, non. On parle à 4-5 régulièrement et à 4-5 pratiquement jamais.

Ha bien sûr, on a nos dîners d’équipe Happy Meal où on se voyait tout le groupe en personne. Mais un dîner par mois ne remplace pas efficacement 20 dîners au bureau.

Et finalement, la créativité souffre beaucoup du travail à distance. C’est plus facile de produire quand nous sommes dans notre bulle à distance, mais les discussions ad hoc donnent beaucoup d’air aux esprits créatifs, ce qui nous faisait défaut.

Donc après y avoir réfléchi et parlé aux employés, un constat s’imposait : Pour l’individu le travail à distance était super. Pour l’entreprise, ça n’allait pas dans la bonne direction.

D’ailleurs, plus ça allait, plus il manquait un ingrédient clé au succès : Avoir du fun. Oui, j’avais du fun globalement, mais le fun en équipe était absent. Pire, il commençait à avoir du mémérage entre nous. Et ça, c’est intolérable. C’est un cancer qu’il faut régler pronto.

Alors voilà, on fait le saut dans un bureau. On l’a annoncé à l’équipe et nous sommes présentement à la recherche d’un local.

Mais attention : on ne quitte pas nos confortables foyers pour aller dans un bureau miteux et beige qui sent la boule-a-mites! Un objectif d’aller dans un bureau est d’avoir du fun. Énormément de fun. Donc le bureau devra être en conséquence. On veut avoir le goût de se déplacer et être fier de rentrer dans ce local.

Mettons moins dans ce genre là:

Et plus dans celui là:

Aussi, le travail à distance ne sera pas interdit, au contraire. Si quelqu’un veut travailler de chez lui de temps en temps parce qu’il a besoin de se concentrer, ce n’est pas un problème. On reste une entreprise virtuelle après tout.

Bref, on passe à une autre étape et je suis très enthousiaste! Ça fait 5 ans que je n’ai pas eu de bureau et que je travaille de chez moi. Ça va donner un peu de renouveau et ça va péper les troupes!