Ça ne fait aucun doute, c’est la mode des communautés. Tout le monde lance la sienne. À tel point que si on n’est pas de communauté, on est pas « in » dans les bars. J’ai une communauté, donc je suis.
Sérieusement, avec l’engouement du web 2.0, du web collaboratif, des réseaux sociaux, de partage et autres patentes au goût du jour, n’importe qui se lance là dedans. On n’a pas fini d’en voir avec des sociétés comme Canoë et Sympatico qui entrent dans la mêlée. C’est connu, quand les grandes entreprises adoptent une « nouveauté », ce n’est plus une nouveauté, mais un produit de masse.
Bientôt, on pourra croire qu’il y aura plus de communautés que d’internautes. Le plus triste, c’est qu’elles sont toutes identiques à quelques poils près. Aucune différence et innovation notables. Par exemple, qu’est-ce qui différencie un Digg-like d’un autre Digg-like? Et qu’est-ce qui différencie ces deux digg-like des centaines d’autres que l’on retrouve?
À quoi bon lancer un autre Digg-like? Parce qu’on fait une digg-like de niche spécialisé dans les chats bruns myopes? Franchement! Vous y croyez vraiment? La réalité est qu’il n’y a qu’un Digg, un MySpace et un YouTube. D’accord, quelques autres se tireront d’affaires. Ceux qui ont conquis une part de marché à temps. Mais ceux-là, ils ne sont pas lancés cette semaine. Non, ils ont été lancés il y a plus d’un an. Et un an sur le web, c’est une très loooooooongue avance.
Par exemple, mon site web Nuouz. Il fonctionne bien, mais c’est un flop par rapport aux attentes. Le site a bientôt un an malgré tout! En décembre dernier, il n’y avait aucun Digg-like en français. En janvier, au moment de lancer Nuouz, nous étions déjà cinq! Ça ne promettait rien de bon…
Bien sûr, je savais d’avance que le seul avantage que j’aurais était d’être le premier en français. Ça n’a pas été le cas. Quel est l’autre avantage significatif par rapport à Fuzz, Scoopeo et compagnie? Rien. Niet. Nada. Nothing. Alors à quoi bon pousser un site sachant qu’il y aura bientôt des centaines de copies?
N’allez pas croire que je le laisse aller, au contraire. Il y a du trafic, des utilisateurs et des liens sur plusieurs sites. Nuouz est le seul au Québec (jusqu’à présent!). Il m’aide à me faire des contacts ou tester des trucs. Bref, il ne coûte rien, a un succès relatif et ne me demande pas trop de temps. J’ai aussi quelques idées d’amélioration que je mettrai en place prochainement. Mais soyons honnête, je ne mettrai pas 100% de mon temps dans un projet qui a peu de chance de rapporter financièrement parlant.
Alors quand je vois tous ces autres sites pousser à gauche et à droite, je me demande bien à quoi ces personnes pensent. Les communautés qui ont du succès ont été lancées et il y a plusieurs mois déjà. Alors à moins d’avoir un gros budget de développement, je doute fort du succès d’une nouvelle communauté. Même là, est-ce que Wikio a tout défoncé sur son passage comme on aurait pu s’y attendre?
Je trouve ça encore plus rigolo de voir ces nouveaux sites avec un très beau design et qui est offert en plusieurs langues. Beaucoup de temps passé à développer et de grandes attentes qui ont de fortes chances de ne pas se réaliser.
Les barrières à l’entrée sur le web sont presque nulles. On peut copier votre communauté en quelques jours. Quelques heures si on prend les « template » de communauté en open source. Et oui, on peut faire un digg-like en quelques minutes grâce a la plateforme open source Meneame.
La question que j’aime poser quand on me parle d’une nouvelle idée de communauté est « c’est quoi la différence avec tel autre site? »… « Lui, son site est bleu, le mien est rouge ». Vous voyez?
En gros, qu’est-ce que votre nouvelle communauté va apporter de plus que les autres? Qu’est-ce qui est vraiment innovateur? Qu’est-ce qui n’existe pas déjà 1000 fois dans votre site? Pourquoi les internautes laisseraient massivement MySpace, Digg ou YouTube pour aller sur votre site? Quels sont vos objectifs? Comment allez-vous la faire connaître? Mais surtout, pourquoi les utilisateurs perdraient leur précieux temps à remplir votre site et vous rendre riche? Pensez-y, ça vaut la peine.
La bonne nouvelle, c’est que dans la majorité des cas, ces sites ne coûtent rien, ou des « peanuts » comme on dit. Alors essayer et échouer n’est pas catastrophique. Sinon, qui aurait le courage d’hypothéquer sa maison pour lancer une nouvelle communauté web? Je me le demande…