Sachant que 90% des startups vont fermer avant d’avoir 5 ans, atteindre la sixième année d’existence en santé et en croissance doit sans doute être considéré comme un “milestone” dans la liste des succès. Non?
En tout cas, pour moi c’est personnellement une des plus belles réussites à vie. Pas que ce soit ma première entreprise, mais il y a 2 distinctions importantes par rapport aux autres: Je l’ai lancé tout seul, sans co-fondateur, comme un grand garçon, et après 5 ans, j’en suis encore propriétaire (historiquement je vends ou change avant ça).
En 5 ans, il y a eu énormément de chemin parcouru. Il y a eu aussi beaucoup de moments difficiles, mais aussi ces moments de joie et fierté qui font oublier les moins bons. Je me suis amusé à relire quelques uns de mes billets sur la naissance et l’évolution de DashThis. Qui se rappelle de Sniffy?
- Dernières retouches pour le projet Sniffy
- Même pas lancé et déjà 25 employés!
- Le projet Sniffy est en ligne!
- L’ère post-Percute / Nofolo, un an plus tard
- Déjà 2 ans!
- Survol des 3 premières années de DashThis
- Avis aux prophètes de malheur: DashThis a maintenant 4 ans!
Et oui, DashThis n’est pas né dans la ouatte avec 45 employés et 10M$ en funding, mais plutôt d’un unique dude très motivé, littéralement dans son sous-sol, autofinancé et aidé par un gars en Inde et un autre aux Philippines parce que je faisais trop attention à mon fric pour payer plus cher.
Alors Steph, quels sont les points marquants de ton histoire jusqu’à maintenant?
De un, c’est dur de croire que j’aie pu vendre quoi que ce soit avec un truc visuellement créé par moi. Mais oui. Appararemment le besoin pour un produit comme le mien était plus grand que l’importance du visuellement beau. Jugez-en par vous-même. Mais ne riez pas trop car ça vendait plus que vous ne pourriez le croire!
Voici DashThis au fil du temps. Cliquez pour voir la page au complet.
Et voici la première mouture des dashboards que je vendais. Entièrement désigné par votre humble serviteur!
Et ensuite une refonte visuelle faite par un designer plus talentueux que moi.
Parlant de ventes, un facteur de succès hyper important dans l’histoire de DashThis est mon obsession des ventes. Ça prenait des ventes au Jour 1 et à tous les jours par la suite. Mon temps était compté et il était hors de question que j’échoue dans ce projet. Pas question d’avoir un plan B non plus. J’allais réussir, point. Et pour y arriver, ça prenait des ventes. Alors comme j’étais seul, c’est moi qui devait vendre. Je me suis découvert tout qu’un talent je vous dirais. Mais comme la faim justifie les moyens, je n’avais pas peur de grand chose. Certainement pas de contacter toutes les agences de la planète une par une s’il le fallait.
Heureusement, j’ai pu arrêter à environ 2000!
Autre point important dans le succès de DashThis est, et je ne le savais pas quand j’ai eu l’idée de lancer ce produit, qu’il y avait un bon volume de recherche pour une telle offre. Et mieux, peu de concurrence pertinente! Ç’a été relativement facile de bien me positionner et de capter du traffic de qualité dès le début. On peut dire que les clients frappaient à ma porte sans faire trop de publicité.
À l’instar du SEO, un autre aspect qui m’a énormément frappé est la taille du marché mondial. C’est tout simplement astronomique. DashThis n’aurait jamais pu fonctionner si je m’étais limité au Québec. A l’inverse, en étant ouvert sur le monde, mes premiers clients sont venus de Suède, Finlande, France et Australie. Ça a pris plusieurs mois avant d’avoir un seul client au Québec…
On ne peut pas dire qu’on contrôle tout dans une entreprise. Il y a le facteur chance, la bonne place au bon moment. Le mien a été quand Google m’a écrit pour me demander s’ils pouvaient parler de DashThis sur le blogue officiel de Google Analytics. Le genre de truc qui arrive une fois dans la vie sans qu’on sache pourquoi. Les résultats ont été incroyables avec des milliers de nouveaux utilisateurs, un boost SEO majeur, mais surtout cette marque de reconnaissance que je pouvais maintenant utiliser contre mes détracteurs ET pour closer encore plus de ventes à ceux qui hésitaient!
On ne peut parler des 5 ans de DashThis sans parler des associés. Il y en a eu qui ne sont plus et il y a des nouveaux qui seront, j’espère, beaucoup mieux! En affaires, je crois beaucoup au travail d’équipe. Par contre, trouver les bons associés c’est comme trouver la bonne femme a marier. Peu d’appelés, encore moins d’élus.
Si on passe vite, mon premier associé devait développer les ventes et moi les technos. Finalement, je ne sais pas si c’était mon mode survie obsessionnel, mais je faisais le gros des ventes, sinon la totalité. Out! Le deuxième associé devait s’occuper des technos et moi des ventes. Ça a bien fonctionné un bout jusqu’a ce que ledit associé se voit roi à la place du roi et veuille tout contrôler. Ça aura pris un long conflit avec les avocats pour régler ce cas là. Un vrai pain in the ass comme on dit. Out! Un autre avait une occasion en or de devenir associé et d’être un bras droit très pratique, mais disons que le rendement n’était pas ce qui était promis dans la publicité. Out!
Finalement, 3 nouveaux associés. Deux avec qui je travaille dans DashThis depuis longtemps et un ancien associé avec qui j’ai eu du succès et qui me complète à merveille. En espérant que ça termine mes histoires d’associés pour au moins 10 ans!
Est-ce qu’on peut parler d’une startup sans parler du contrôle des finances? Je gerais chaque sous comme si ma vie en dépendait. En fait, ma vie en dépendait car pus de fric, pus de business. Alors j’essayais le plus possible d’être un guichet automatique avec dépôt seulement, aucun retrait possible. C’est la raison pourquoi nous n’avons pas eu de bureaux les 5 premières années. Aucune dépense superflue.
Faut aussi dire que j’ai toujours été le dernier payé. Les employés, la banque, le gouvernement, les fournisseurs, tout le monde passait avant moi. Moins je dépensais, plus vite ça irait dans mes poches. Ç’a pris 4 ans avant que je me gâte un peu, que je retrouve un salaire pas trop pire et que je me paie une Audi. C’est pas cher payé pour les milliers d’heures investis dans ce projet là.
Par ailleurs, je pense que je suis fatigant de répeter à qui veut bien l’entendre qu’un critère essentiel de ma réussite est le foutu focus. Dès le jour un, je me suis enfermé et 100% de mon temps professionnel étaient investis dans DashThis, à développer les ventes d’une façon ou d’une autre. La règle était, et est encore, très simple quand on me propose quelque chose: Est-ce que ça m’aide à faire avancer DashThis? Non? Alors j’ai zero temps pour ça. On se reprendra quand je serai à la retraite mon pote.
Puis on peut conclure cette première phase du périple de DashThis par ma démission comme CEO. Certains m’ont dit que c’était courageux, moi j’espère plutôt que ça tienne de l’intelligence. Je l’ai dis, je connais mes faiblesses. Je ne suis pas l’homme de la situation pour amener DashThis à 10, 20, 50M$ de revenus et 50-100 employés. Pire. j’aurais été un frein à la croissance en m’accrochant au rôle de CEO.
J’ai mon rôle à jouer bien sûr, mais ce n’est définitivement pas comme gestionnaire suprême. En fait, je n’ai aucun plaisir à gérer alors aussi bien donner ça à quelqu’un d’autre. Perso, le titre de CEO, je m’en sacre pas mal. L’important c’est d’être actionnaire, d’avoir du fun et de créer de la valeur en exploitant nos forces. Mon ego se contente pleinement de l’étiquette de fondateur.
Ouep, c’est moi le gars cinglé qui a parti ça dans son sous-sol. Et aujourd’hui, ça dépasse ma p’tite personne et c’est parfait comme ça. Si vous voyiez notre équipe! C’est probablement moi le moins compétent de la gang.
Alors voilà, ça fait 5 ans et nul doute qu’on est là pour un autre 5 ans.
Et c’est quoi la suite?
Plusieurs trucs au programme… On bosse fort sur la nouvelle version qui nous positionnera comme des leaders mondial dans notre domaine. On continue la croissance, on prévoit embaucher encore dans les prochains mois. On est en train de se faire construire des bureaux qui feront des jaloux. On veut structurer et développer nos ventes partout à l’international.
Et qui sait, peut-être qu’il y aura un nouveau produit bientôt? 😉